Deux généraux parmi les plus étoilés de l’armée de terre ont démissionné ce matin, sans donner la raison de leur départ. Selon la chaîne qatarie Al Jazeera, ils ont voulu protester contre la purge menée dans l’armée à la suite du coup d’État avorté le 15 juillet. Hier, 149 généraux et amiraux ont été limogés pour complicité, soit 40 % des officiers portant ces grades dans l’armée turque, selon un décompte de l’agence Reuters. De plus, 1 099 officiers ont été exclus pour cause « d’indignité ».
L’armée n’est pas la seule touchée par les purges : hier, le gouvernement a annoncé la fermeture de 45 journaux, 16 chaînes de télévision, trois agences de presse, 23 stations de radio, 15 magazines et 29 maisons d’édition. Parmi les médias touchés figurent la chaîne de télévision prokurde IMC TV, l’agence de presse Cihan et le quotidien Taraf, très critiques du pouvoir. Ces mesures viennent s’ajouter aux 89 mandats d’arrêt émis contre des journalistes entre lundi et hier.
En tout, ce sont 15 000 personnes, dont plus de 10 000 militaires, qui ont été arrêtées depuis la tentative de coup d’État, a déclaré hier le ministre de l’Intérieur Efkan Ala. 8 113 ont été placées en détention dans l’attente de leur procès. Dans un communiqué diffusé hier par la chaîne de télévision NTV, l’armée a ajouté que les soldats concernés appartenaient à un réseau dirigé depuis les États-Unis par l’ancien imam Fethullah Gülen, que le pouvoir turc présente comme l’instigateur du putsch avorté.
Fethullah Gülen a écrit une tribune publiée lundi par le New York Times, dans laquelle il demande aux États-Unis de ne pas répondre à la demande d’extradition formulée par Ankara à son égard. L’opposant turc vit en exil en Pennsylvanie depuis 1999. « Les États-Unis ne doivent pas céder à un autocrate qui est en train de profiter d’une tentative de putsch pour réaliser son propre coup d’État au ralenti », écrit-il.
Le leader de l’opposition, le social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu, a lui aussi demandé mardi l’extradition de Fethullah Gülen. La veille, il avait été reçu par le président turc Recep Tayyip Erdogan afin de travailler à une nouvelle Constitution. Kiliçdaroglu a jugé cet entretien « positif pour la normalisation » du pays. Le leader du Parti démocratique du peuple (HDP, prokurde), Selahattin Demirtas, n’a pas été invité, mais le Premier ministre a assuré que le HDP pourrait aussi prendre part aux discussions.