Les Thaïlandais ont largement adopté hier le projet de Constitution soumis à référendum par la junte au pouvoir. 61 % des électeurs ont voté en faveur de la nouvelle loi fondamentale selon un décompte encore provisoire, les résultats définitifs étant attendus mercredi. Ce vote donne aux militaires une assise populaire avant les élections législatives annoncées pour juillet 2017.
Une junte au pouvoir depuis 2014
Il s’agit de la vingtième Constitution depuis la fin de la monarchie absolue en 1932. Le pays a connu une instabilité chronique avec 19 coups d’État depuis lors. En 2014, l’armée a pris le pouvoir après la destitution pour corruption de la Premier ministre Yingluck Shinawatra. La junte a alors instauré une constitution provisoire et désigné l’ensemble des membres du Parlement, dont une moitié de militaires.
Une liberté d’expression entravée
Depuis le coup d’État de 2014, les libertés publiques sont limitées : les manifestations sont interdites, les médias contrôlés. Les mises en détention et les condamnations pour crime de lèse-majesté se sont multipliées. La junte a interdit toute campagne et tout débat sur son projet de Constitution. Au moins 41 personnes ont été arrêtées pour avoir critiqué le texte, selon la Fédération internationale des droits de l’homme.
Ce que prévoit le texte
Selon le nouveau texte, les membres du Sénat seront nommés par la junte, certains sièges étant réservés aux hauts responsables militaires. Cette disposition, qui contrebalancera le pouvoir des députés élus, est la plus contestée, les organisations de défense des droits de l’homme craignant qu’elle permette à la junte d’imposer le choix du Premier ministre quel que soit le résultat des élections. Le pouvoir a justifié son projet en mettant en avant la lutte contre la corruption.
Ce que révèle le vote
Le vote a confirmé les fortes disparités régionales, entre d’une part le centre et la capitale qui ont soutenu le projet et d’autre part le nord-est rural et le sud à majorité musulmane qui s’y sont opposés. Cette fracture est conforme aux divisions traditionnelles du pays : les populations rurales soutenaient largement l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra (renversé en 2006) puis sa sœur Yingluck Shinawatra, qui fut la cible de manifestations de grande ampleur à Bangkok avant le coup d’État de 2014.
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