Le tribunal d’application des peines de Melun a rejeté ce matin la demande de libération conditionnelle de Jacqueline Sauvage. Cette femme de 68 ans avait été condamnée à dix ans de réclusion pour le meurtre de son mari violent puis partiellement graciée par François Hollande fin janvier. L’affaire a pris une dimension particulière, Jacqueline Sauvage devenant un symbole des violences conjugales. Le parquet, qui avait requis la remise en liberté, fera appel de la décision. La libération conditionnelle permet à un condamné de sortir de prison de manière anticipée tout en se pliant à un certain nombre d’obligations.
La justification de la décision
Le tribunal d’application des peines reproche à Jacqueline Sauvage de « ne pas assez s’interroger sur son acte », ont déclaré ses avocates qui ont consulté la décision de 15 pages. Selon un extrait de la décision rendu public par un autre avocat sur Twitter, le tribunal estime que « l’importante médiatisation de son affaire rend difficile une authentique démarche de réflexion de madame Sauvage qui est encouragée à se cantonner dans un positionnement exclusif de victime, sans remettre en question son fonctionnement psychique personnel ». Une de ses avocates regrette qu’on lui reproche « sa médiatisation alors qu’elle n’y est pour rien ».
Des réactions multiples
Jacqueline Sauvage est soutenue par de nombreux hommes et femmes politiques de tous bords qui ont dénoncé aujourd’hui la décision dont elle fait l’objet. « Cette troisième peine est incompréhensible », estime la maire PS de Paris Anne Hidalgo. La députée Les Républicains Valérie Boyer y voit « un signal catastrophique envoyé aux femmes battues » et le sénateur communiste Pierre Laurent « un permis de frapper pour tous les hommes violents ». François Bayrou en appelle à François Hollande « qui a le droit de grâce » pour qu’il « prenne jusqu’au bout ses responsabilités ».
La grâce présidentielle
Saisi par les trois filles de Jacqueline Sauvage, François Hollande lui avait accordé en janvier une grâce partielle, lui permettant de présenter immédiatement une demande de libération conditionnelle alors qu’elle aurait sinon dû attendre au plus tôt janvier 2017. La demande de grâce avait reçu le soutien de 50 parlementaires et avait recueilli plus de 400 000 signatures sur une pétition électronique. « Le président de la République a voulu, face à une situation humaine exceptionnelle, rendre possible, dans les meilleurs délais, le retour de madame Sauvage auprès de sa famille, dans le respect de l’autorité judiciaire », précisait alors un communiqué de l’Élysée, misant sans doute sur une libération conditionnelle.
Rappel des faits
Jacqueline Sauvage a été reconnue coupable, en première instance comme en appel, d’avoir tué son époux de trois coups de fusil dans le dos en 2012, après quarante-sept ans d’enfer conjugal. La justice n’a pas retenu la légitime défense qui ne s’applique que lorsqu’une personne se défend de manière proportionnée au moment d’une agression, ce qui n’était pas le cas. C’est pourquoi la députée Les Républicains Valérie Boyer et l’une des avocates de Jacqueline Sauvage ont réclamé la création d’un droit à la « légitime défense différée » lorsqu’une femme « se sent en danger de mort permanent ».
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