Après Cannes le 27 juillet, Villeneuve-Loubet (sur la Côte d’Azur) le 5 août, Sisco (en Corse) dimanche, les stations balnéaires du Pas-de-Calais Le Touquet et Oye-Plage ont annoncé aujourd’hui un arrêté municipal prohibant de leurs plages le « burkini », une tenue de bain couvrant les cheveux et le corps. Le maire Les Républicains du Touquet Daniel Fasquelle dit vouloir ainsi « lutter contre le prosélytisme religieux » et répondre à des « raisons de sécurité ». À Sisco, le maire PS a pris cette décision en réaction à des heurts sur une plage, samedi, entre des familles du village et d’autres d’origine maghrébine.
Ce que prévoit la loi
Le burkini ne couvrant pas le visage, il n’est pas concerné par la loi interdisant le voile intégral dans les espaces publics. Rien dans la loi n’empêche de s’en vêtir, à condition de ne pas porter atteinte à l’ordre public. De possibles atteintes sont évoquées par les maires à l’origine des arrêtés. Ainsi, le texte de celui pris à Cannes dit vouloir prévenir « des risques de troubles à l’ordre public (attroupements, échauffourées, etc.) » en interdisant jusqu’au 31 août les plages aux personnes n’ayant pas une tenue « respectant les règles d’hygiène et de sécurité des baignades adaptées au domaine public maritime ».
La justice valide
La justice administrative a été saisie vendredi par trois femmes et par le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) demandant la suspension de l’arrêté de Cannes. Samedi, le tribunal administratif de Nice a rejeté ce recours en se fondant sur le contexte marqué par les attentats, dont celui de Nice il y a un mois. « Le port d’une tenue vestimentaire distinctive, autre que celle d’une tenue habituelle de bain, peut en effet être interprété comme n’étant pas, dans ce contexte, qu’un simple signe de religiosité », estime le tribunal. Le CCIF a annoncé son intention de saisir le Conseil d’État.
Une application mesurée
Trois femmes ont reçu une amende de 38 euros ces trois derniers jours à Cannes pour non-respect des nouvelles règles, selon Nice-Matin. Six autres femmes contrôlées ont préféré quitter la plage ou se sont mises en maillot de bain, a précisé le chef de la police municipale, cité par le quotidien. Au Touquet, le problème ne se pose pas, reconnaît son maire : « Il n’y a pas de burkini pour le moment au Touquet, mais je ne veux pas que mes services soient pris au dépourvu si jamais nous étions touchés par ce phénomène. »
L’origine du « burkini »
Ce vêtement de bain, dont le nom provient de la contraction des mots « burqa » et « bikini », a été inventé en 2003 par une styliste australienne d’origine libanaise, soucieuse de permettre aux femmes musulmanes portant le voile d’aller à la plage et de se baigner. Il couvre l’intégralité du corps, à l’exception du visage, des mains et des pieds. En mars dernier, la chaîne britannique Marks & Spencer avait suscité une polémique en annonçant qu’elle commençait à en vendre au Royaume-Uni. En France, la tenue n’est pas autorisée dans les piscines publiques, pour des raisons d’hygiène.
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