En Espagne, le Parti populaire (PP, droite) et le parti centriste Ciudadanos ont signé ce matin un pacte anticorruption, condition posée par ce dernier pour son soutien à un nouveau gouvernement. Le dirigeant du PP et Premier ministre Mariano Rajoy a annoncé hier qu’il demanderait aux parlementaires de voter pour son investiture le 30 août. Après un premier scrutin en décembre, les élections législatives du 26 juin avaient confirmé l’émergence de la coalition de gauche Podemos (21 %) et de Ciudadanos (13 %), ne permettant pas aux partis traditionnels de disposer d’une majorité. Le PP et Ciudadanos ont entamé cet après-midi des négociations sur un pacte d’investiture.
Le pacte anticorruption
Le président de Ciudadanos Albert Rivera, qui avait fait campagne sur la rénovation de la démocratie et la lutte anticorruption, a proposé un accord en six points, à prendre ou à laisser. Ces exigences comprennent l’expulsion du PP de tout élu mis en examen pour corruption, l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur les accusations de financement illégal du parti de droite, une limite de deux mandats consécutifs pour le chef du gouvernement, ainsi qu’une nouvelle loi électorale renforçant la proportionnalité. En acceptant ces conditions, Mariano Rajoy pourra compter sur l’appui des 32 députés de Ciudadanos lors du vote d’investiture.
Les accusations de corruption
Le Parti populaire est secoué par plusieurs affaires de corruption mettant en cause certains de ses responsables pour des contrats de travaux publics truqués ou le versement de commissions occultes. Sont notamment concernés Rodrigo Rato, ancien directeur général du Fonds monétaire international et ministre de l’Économie sous le gouvernement de José Maria Aznar ou encore l’ancien trésorier du parti, Luis Barcenas, emprisonné depuis juin 2013, qui a accusé Rajoy d’avoir bénéficié de la « caisse noire » du parti.
Une investiture sans garantie
En ajoutant les voix de Ciudadanos et celles du parti régional des Canaries, Mariano Rajoy peut espérer 170 voix le 30 août lors du vote d’investiture, à six voix de la majorité absolue requise. Un deuxième vote, ne requérant qu’une majorité simple, pourrait alors s’avérer nécessaire. Mariano Rajoy devrait alors compter sur l’abstention d’au moins six élus socialistes. Leur dirigeant Pedro Sanchez affirme que sa formation votera « non ». Mais certains pourraient se montrer sensibles à l’appel lancé début juillet par l’ancien Premier ministre socialiste Felipe Gonzalez à « accepter le dialogue que lui propose le candidat du PP ».
Huit mois de blocage
Depuis les législatives du 20 décembre, le Parlement ne fonctionne plus, faute de majorité. L’exécutif en est réduit à expédier les affaires courantes et ne peut proposer aucune réforme, pas même faire approuver un projet de budget. Si l’ensemble des députés socialistes s’opposent à l’investiture de Mariano Rajoy, de nouvelles élections (les troisièmes en un an) seront convoquées fin décembre.