Les forces kurdes, soutenues par les États-Unis, ont joué cet été un rôle décisif pour reprendre du terrain au groupe État islamique, mais ont été cette semaine la cible de bombardements de la Turquie. Quels sont les objectifs des Kurdes en Syrie, en Irak et en Turquie ? La formation d’un État kurde est-elle possible ? Quel est le degré d’autonomie de ces populations ?
Quelles sont leurs origines ?
Les Kurdes sont un peuple d’origine indo-européenne établi au Proche-Orient depuis la fin du premier millénaire. Ils sont en majorité musulmans sunnites. Leur nombre n’est pas connu précisément en l’absence de recensement spécifique. Selon les estimations, ils sont entre 30 et 40 millions : entre 12 et 20 millions en Turquie, 10 millions en Iran, 5 millions en Irak et 2 millions en Syrie. Le kurde comme langue n’est pas unifié. Deux dialectes principaux, apparentés au persan, sont utilisés selon les régions et sont suffisamment proches pour que chaque groupe comprenne l’autre. L’un utilise l’alphabet arabe, l’autre l’alphabet latin.
Un État kurde a-t-il déjà existé ?
Non. Les Kurdes représentent le plus grand peuple au monde sans État. Ils ont été proches d’en obtenir un au début du XXe siècle. Un territoire, à l’est de la Turquie et au nord de l’Irak, leur est en effet promis en 1920 par la France et la Grande-Bretagne dans le cadre des négociations organisant le démantèlement de l’Empire ottoman. Trois ans plus tard, la Turquie est pourtant créée dans ses frontières actuelles. Entre-temps, Mustafa Kemal a pris le pouvoir en Turquie, refusant l’idée d’un Kurdistan indépendant, et d’importantes réserves de pétrole ont été découvertes, la Grande-Bretagne préférant les voir rejoindre l’Irak placé sous son protectorat.
Dans combien de pays le peuple kurde est-il réparti ?
Dès lors, le peuple kurde occupe un territoire dont la superficie est légèrement inférieure à celle de la France, à cheval sur quatre pays : la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie. Après le traité de Lausanne définissant les frontières de la Turquie, les populations kurdes font l’objet de discriminations dans ces pays, Ankara interdisant par exemple l’usage de la langue kurde jusqu’en 1991. Face à la négation de l’identité kurde et aux répressions, des mouvements indépendantistes naissent dans les différents pays de la région. Le plus important est le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) formé en Turquie en 1978.
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