Le régime syrien, la Russie et la Turquie ont annoncé aujourd’hui un accord de cessez-le-feu en Syrie qui doit entrer en vigueur à minuit sur tout le territoire. Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a ajouté que des groupes représentant 62 000 rebelles armés avaient signé l’accord, également soutenu par la Coalition nationale syrienne, principale formation de l’opposition en exil. Damas précise que le cessez-le-feu ne concerne pas l’organisation djihadiste État islamique, le Front Fatah al-Cham (ex-Front Al-Nosra affilié à Al-Qaïda) et tous les groupes qui leur sont liés.
Vladimir Poutine a également annoncé aujourd’hui une « réduction » de la présence militaire de la Russie, qui mène depuis septembre 2015 une campagne de frappes aériennes en soutien au régime de Damas. L’annonce du cessez-le-feu intervient une semaine après la perte d’Alep par les rebelles, un tournant dans le conflit qui laisse au régime de Bachar el-Assad la maîtrise des principales villes du pays. L’accord est parrainé par la Russie et la Turquie, deux pays soutenant des parties adverses : Ankara appuie les rebelles tandis que Moscou, tout comme Téhéran, est un proche allié de Damas.
Depuis l’été, la Turquie s’est engagée dans une coopération avec la Russie et l’Iran et a pris ses distances avec la coalition internationale formée autour des États-Unis pour lutter contre le groupe État islamique. Elle a également intensifié sa lutte dans le nord du pays contre les milices kurdes qu’elle considère comme « terroristes ». Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé mardi les pays occidentaux de ne pas tenir leurs promesses en Syrie et d’y soutenir des « groupes terroristes », dont Daech.
Interrogé par France 24, le professeur à Sciences-Po Grenoble et spécialiste de la Turquie Jean Marcou estime que son rapprochement avec la Russie et l’Iran va de pair avec un éloignement de ses alliés traditionnels : « Pour les Turcs, c’est un moyen de faire payer aux Américains leur soutien aux Kurdes de Syrie et aux Européens le gel de la candidature de la Turquie à l’entrée dans l’Union européenne. La Turquie veut apparaître comme une puissance majeure qui peut décider sans l’aval de ses alliés. »
Le 20 décembre, les ministres des Affaires étrangères de la Russie, de l’Iran et de la Turquie s’étaient réunis à Moscou sans les États-Unis ni l’Europe et avaient proclamé leur volonté de rechercher ensemble un cessez-le-feu puis un accord de paix. Le ministre russe des Affaires étrangères a annoncé aujourd’hui le début des préparatifs de négociations de paix qui auront lieu à Astana (Kazakhstan) avec l’Iran et la Turquie. Aucune date n’a encore été annoncée. Les États-Unis, a-t-il ajouté, pourraient se joindre au processus de paix, mais une fois que le président élu Donald Trump sera entré en fonction, à partir du 20 janvier.
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