Emmanuel Macron a accueilli hier à La Celle-Saint-Cloud, dans les Yvelines, le chef du gouvernement d’union nationale libyen Fayez al-Sarraj et le général Khalifa Haftar, commandant d’une force baptisée Armée nationale libyenne. Étaient également présents le nouvel émissaire des Nations unies pour la Libye Ghassam Salamé et le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. À l’issue de leur rencontre, les deux responsables libyens ont présenté une déclaration commune ayant pour objectif une sortie de la crise en cours dans le pays depuis 2011.
Premier texte commun
C’est la première fois que les deux hommes s’alignent sur un texte, même s’il s’agit d’une déclaration non signée. Leur dernière rencontre début mai à Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis, n’avait pas donné de résultats concrets. Cette fois, ils se sont mis d’accord sur dix points, mettant en avant le fait que « la solution à la crise libyenne ne peut être que politique ». Ils prévoient notamment la tenue d’élections présidentielle et parlementaires « dès que possible », pour mettre en place un « État de droit en Libye, souverain, civil et démocratique ». Ils s’engagent également à un cessez-le-feu, à l’exception de ce qui relève de la lutte antiterroriste.
Les deux hommes forts du pays
Installé à Tripoli, Fayez al-Sarraj est à la tête du Conseil présidentiel du gouvernement d’union nationale et Premier ministre. Sa nomination en décembre 2015, sous l’égide de l’ONU, devait permettre de centraliser un pouvoir fragmenté en Libye depuis la chute du dirigeant Mouammar Kadhafi en août 2011. Le général Khalifa Haftar, lui, récuse la légalité du gouvernement d’al-Sarraj. À la tête d’une coalition qui maîtrise près de la moitié du territoire libyen, il s’est distingué dans sa lutte contre le terrorisme à l’est du pays et a reçu le soutien notamment de l’Égypte, de l’Arabie saoudite et de la Russie.
Une autorité légitime à trouver
La mise en place d’élections en Libye est censée asseoir la légitimité d’un pouvoir central sur le reste du pays, dont plusieurs parties du territoire sont également dominées par des milices et tribus. C’est un moyen de faire aboutir l’accord signé à Skhirat au Maroc en 2015, qui visait la réconciliation nationale et avait mené à la création du gouvernement d’union nationale. Jusqu’ici, Fayez al-Sarraj, dont l’autorité n’est toujours pas reconnue dans tout le pays, ne soutenait pas la tenue d’élections, les chances de victoire du général Haftar étant grandes.
Crise depuis 2011
La Libye est en proie à une crise politique depuis la chute de Mouammar Kadhafi, qui a dirigé le pays pendant 42 ans et a été renversé par un mouvement de contestation inspiré des révolutions tunisienne et égyptienne. La transition démocratique amorcée après son départ du pouvoir a cédé la place à une division du pays principalement entre deux camps : des islamistes à Tripoli et des laïcs à Tobrouk, dans l’est. Ce contexte a favorisé l’émergence de milices et l’implantation de groupes djihadistes, donnant lieu à une situation sécuritaire instable.