Le préfet du Pas-de-Calais a déclaré aujourd’hui que des douches et des sanitaires destinés aux migrants seraient installés « avant la fin de la semaine prochaine » à Calais, mais « pas dans le centre » de la ville. Il a précisé être en train de « choisir les implantations les plus appropriées » afin « d’éviter la reconstitution de campements ». Sa déclaration venait compléter l’annonce lundi par le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb de l’ouverture « dans les 10 jours qui viennent » de deux centres d’accueil et d’examen des demandes d’asile pour les migrants à Troisvaux (Pas-de-Calais) et à Bailleul (Nord).
Injonction du Conseil d’État
Ces promesses font suite à une décision rendue lundi par le Conseil d’État. La plus haute juridiction administrative a confirmé une décision du tribunal administratif de Lille, le 26 juin, obligeant l’État et la mairie de Calais à fournir aux migrants un accès à l’eau, à des douches et à des toilettes. Le tribunal a pris cette décision après avoir été saisi par plusieurs associations et au regard des « conditions de vie inhumaines » des migrants décrites par le Défenseur des droits Jacques Toubon mi-juin. Selon la préfecture du Pas-de-Calais, 400 migrants vivent actuellement à Calais, 600 selon les associations L’Auberge des migrants et Help Refugees.
Décision non suivie par la mairie de Calais
La maire Les Républicains de Calais Natacha Bouchart a déclaré lundi dans un communiqué que la « ville de Calais ne donnera pas suite aux injonctions qui lui ont été faites » par le Conseil d’État. « S’il ne saurait être question de mésestimer la situation d’extrême précarité des migrants, je ne puis accepter de mettre en place des installations qui réuniraient à nouveau les conditions de création de campements, de bidonvilles, et de points de fixation », justifie-t-elle. Selon elle, la solution passe par le départ des migrants « vers des centres adaptés » et elle s’en remet à l’État pour donner « une réponse claire à ce sujet ».
Ce que risque la maire de Calais
« Je prends un risque, très certainement », a déclaré l’élue à l’AFP. En s’opposant à l’installation de tout dispositif dans sa ville, contre l’avis du Conseil d’État, la maire s’expose à des sanctions. Le ministère de l’Intérieur peut la suspendre temporairement par un arrêté, pour un mois maximum. Le gouvernement, réuni en Conseil des ministres, peut également révoquer l’élue par décret s’il l’estime nécessaire. De son côté, le préfet du Pas-de-Calais a déclaré ne pas vouloir « en arriver à des réquisitions » et « en appelle à la responsabilité de chacun ».
Plan sur les migrations du gouvernement
Emmanuel Macron a déclaré jeudi ne plus vouloir voir, « d’ici la fin de l’année », des hommes et des femmes dormant « dans les rues, dans les bois ». Il a souhaité l’ouverture de centres d’examen des demandes d’asile sur le sol africain pour éviter « aux gens de prendre des risques fous alors qu’ils ne sont pas éligibles à l’asile ». Le 12 juillet, le Premier ministre Édouard Philippe a dévoilé le plan du gouvernement sur les migrations. Celui-ci prévoit la construction, d’ici 2019, de 7 500 places d’hébergement pour les demandeurs d’asile et de 5 000 places pour les réfugiés. Il vise également l’accélération du traitement des demandes d’asile, de 14 mois actuellement à 6 mois, et s’accompagne de mesures d’éloignement systématique pour les personnes déboutées.
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