Les États-Unis, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont déposé hier une lettre auprès du Conseil de sécurité de l’ONU, à laquelle l’agence Associated Press a eu accès. Ils demandent une intervention des Nations unies après le lancement par l’Iran le 27 juillet d’une fusée destinée à mettre en orbite un satellite. Selon eux, cette opération constitue une « étape menaçante et provocatrice » en contradiction avec l’accord signé en 2015 sur la maîtrise du programme nucléaire iranien, l’engin ayant la « capacité de transporter une tête nucléaire ».
Nouvelles sanctions américaines
Le Congrès américain a adopté la semaine dernière un projet de loi, signé hier par Donald Trump, renforçant les sanctions contre l’Iran. Celles-ci visent en particulier son programme balistique et les Gardiens de la révolution, l’armée d’élite du pays, que les États-Unis accusent de soutenir le terrorisme. Au lendemain du lancement de la fusée iranienne, le Trésor américain a également sanctionné six sociétés du pays pour leur implication dans le développement du programme balistique iranien.
L’Iran proteste également
En réaction, le gouvernement iranien a fait savoir qu’il estimait que l’accord sur le nucléaire avait été « violé ». Le vice-ministre des Affaires étrangères iranien a déclaré dans la nuit à la télévision d’État que l’Iran allait « réagir en conséquence ». La commission dédiée à la surveillance de l’application de l’accord, où siège le président Hassan Rohani, a adopté « 16 mesures contre l’action des États-Unis », a-t-il ajouté. Le Parlement iranien examine déjà depuis le 18 juillet, après l’annonce des nouvelles sanctions américaines, un projet de loi visant à renforcer le programme balistique du pays et les forces des Gardiens de la révolution.
L’accord de 2015
L’accord signé en 2015 par l’Iran avec l’Allemagne, la Chine, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie marquait l’aboutissement de 12 ans de négociations diplomatiques. Il visait à encadrer les activités nucléaires de l’Iran en limitant son enrichissement d’uranium et sa production de plutonium, ainsi qu’un renforcement des inspections de ses installations nucléaires, afin d’éviter la fabrication d’une arme atomique. En contrepartie, l’ONU, les États-Unis et l’Union européenne levaient la plupart de leurs sanctions à l’égard de l’Iran, qui pouvait continuer à développer son programme nucléaire à des fins civiles.
Développement du nucléaire iranien
L’Iran a initié son programme nucléaire civil en 1957, après la signature d’un accord avec les États-Unis. En 2002, un dissident iranien a révélé la construction, confirmée par des images satellites, d’un site d’enrichissement d’uranium à Natanz. Face à l’ampleur du site et à cette dissimulation, le gouvernement américain avait accusé les autorités iraniennes de mettre au point « des armes de destruction massive ». Le président Mahmoud Ahmadinejad a affirmé en 2006 que l’Iran avait « rejoint les pays nucléaires », même s’il a assuré que son usage était cantonné à des activités civiles.