Le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert a défendu hier sur RTL le changement de répartition en faveur du développement rural (et notamment de l’agriculture bio) des aides européennes de la Politique agricole commune (PAC), annoncé la semaine dernière par son ministère. Face aux critiques des organisations agricoles qui lui reprochent cette mesure ou qui estiment qu’elle ne va pas assez loin, il a déclaré : « Je n’oppose pas les modèles agricoles les uns aux autres. Ce n’est pas d’un côté tout pour le bio, rien pour les autres. »
Transfert des aides de la PAC
Le ministère de l’Agriculture a annoncé le 27 juillet « un transfert à hauteur de 4,2 % des montants des crédits du pilier I de la PAC vers le pilier II ». Le pilier I (7,5 milliards d’euros par an) regroupe les aides directes à la production en fonction de la surface agricole, ce qui profite surtout aux céréaliers et à l’agriculture conventionnelle, tandis que le pilier II (1,4 milliard d’euros par an) représente les aides au développement rural, à l’installation des jeunes agriculteurs ou au soutien au bio. Cette réorientation des fonds a pour but de faire face à la forte augmentation des aides liées au développement de l’agriculture biologique en France.
Reproches et attentes
La FNSEA, principal syndicat agricole, a dénoncé le jour même un « hold-up inacceptable », déplorant que le gouvernement n’ait pas choisi de trouver « les ressources nécessaires sur le budget national » pour continuer à soutenir le développement rural et l’agriculture biologique sans réduire les aides directes perçues par les agriculteurs. La Fédération nationale de l’agriculture biologique a regretté que le gouvernement ne soit pas allé plus loin, rappelant que l’État avait la possibilité de transférer jusqu’à 15 % du premier pilier vers le deuxième. 34 ONG, dont la Confédération paysanne et Greenpeace, ont exprimé lundi leur crainte que les conversions vers l’agriculture biologique soient « stoppées net car les enveloppes sont épuisées ».
Objectifs affichés pour le bio en France
Stéphane Travert a renouvelé hier les engagements formulés par Emmanuel Macron lors de sa campagne pour l’élection présidentielle à l’égard de l’agriculture biologique. L’objectif du gouvernement est de porter à 50 % la part du bio en restauration collective d’ici 2022 et de passer de 6 à 8 % la part de surfaces agricoles converties au bio d’ici 2021. Selon l’Agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique, la France comptait 32 264 exploitations bio en 2016, soit 12 % de plus qu’en 2015.
L’agriculture française dépendante de la PAC
La PAC, mise en place en 1962, est la plus ancienne des politiques communes de l’Union européenne. Ses objectifs d’alors visaient notamment à accroître la productivité agricole, à assurer un niveau de vie équitable aux personnes vivant de l’agriculture et à stabiliser les marchés. Depuis, le respect de l’environnement, la sécurité sanitaire et le développement rural, dont le soutien à l’agriculture biologique, ont été ajoutés aux objectifs poursuivis. La France est le pays qui bénéficie le plus de la PAC, avec environ 9 milliards d’euros d’aides perçues chaque année.
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