La Suissesse Carla Del Ponte, ancienne procureure des Tribunaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda, a annoncé hier sa démission prochaine de la Commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie. « Je suis frustrée, j’abandonne ! J’ai déjà écrit ma lettre de démission et vais l’envoyer dans les prochains jours », a-t-elle déclaré au journal suisse Blick.
Un constat d’impuissance
Âgée de 70 ans, l’ancienne magistrate suisse dénonce l’inaction de la Commission et la responsabilité du Conseil de sécurité de l’ONU bloqué par les vetos russe et chinois. « Je ne peux plus être dans cette Commission qui ne fait absolument rien », explique-t-elle. « Avec tous les rapports qu’on a faits, qu’on ne puisse rien obtenir point de vue justice, c’est incroyable », a-t-elle déclaré à la Radio télévision suisse, y voyant « une honte pour la communauté internationale ».
Le conflit a évolué
Dès 2014, elle estime que les parties prenantes du conflit syrien, déclenché en mars 2011, sont coupables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. « Au début, il y avait les bons et les méchants, affirme-t-elle à Blick. L’opposition du côté du bien et le gouvernement dans le rôle du mal. » Désormais, « tous en Syrie sont du côté du mal. Le gouvernement Assad a perpétré de terribles crimes contre l’humanité et utilisé des armes chimiques. Et l’opposition n’est désormais composée que d’extrémistes et de terroristes », juge-t-elle. « Des crimes horribles comme ceux commis en Syrie, je n’en ai pas vus au Rwanda, ni dans l’ex-Yougoslavie. »
Une procureure de la justice internationale
Carla Del Ponte a enquêté en Italie sur la mafia au côté du juge anticorruption Giovanni Falcone et dans les milieux financiers suisses lorsqu’elle fut à la tête du parquet fédéral dans les années 1990. En 1999, elle est nommée procureure du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et de celui pour le Rwanda. Elle représente l’accusation lors du procès contre l’ancien président serbe Slobodan Milosevic (mort d’un infarctus avant la fin de la procédure). « Je veux toujours pouvoir me dire que j’ai tout tenté », disait-elle en 2007 dans un portrait publié dans Libération.
Le rôle de la Commission de l’ONU
La Commission d’enquête indépendante de l’ONU sur la Syrie a été créée en août 2011 par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, quelques mois après le début du conflit syrien. Elle a pour mandat d’enquêter sur les violations des droits de l’homme. Elle a publié une douzaine de rapports très critiques sur la situation dans le pays, mais n’a jamais été autorisée par Damas à se rendre sur place. Elle compte actuellement trois membres. Carla Del Ponte avait rejoint la Commission en septembre 2012.
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