Hier, Donald Trump a de nouveau critiqué à la fois les activistes d’extrême droite et les manifestants venus les dénoncer samedi dans la ville de Charlottesville où une militante antiraciste a été tuée, percutée intentionnellement par une voiture. « Vous aviez un groupe d’un côté qui était agressif. Et vous aviez un groupe de l’autre côté qui était aussi très violent », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse organisée à la Trump Tower, un immeuble de son groupe immobilier à New York. « Il y avait des gens très bien des deux côtés », a-t-il encore assuré.
L’attaque de Charlottesville
Plusieurs mouvements d’extrême droite regroupant des suprémacistes blancs (revendiquant la domination des Blancs), dont le Ku Klux Klan, et des néonazis s’étaient rassemblés samedi à Charlottesville pour s’opposer au projet de la municipalité de déboulonner la statue d’un général sudiste favorable à l’esclavagisme. Après des échauffourées entre ces groupuscules et des militants antiracistes, un sympathisant néonazi a foncé sur les contre-manifestants avec sa voiture, tuant une femme de 32 ans et faisant 19 blessés. Donald Trump a réagi le jour même en condamnant les « diverses parties » avant, face aux critiques, de dénoncer lundi, dans un discours lu sur téléprompteur, des « violences racistes » inacceptables, puis de faire à nouveau volte-face hier.
Critiques contre Donald Trump
Ses nouveaux propos ont été condamnés par ses adversaires démocrates, par des personnalités du monde artistique ou sportif et au sein du camp républicain. « Accuser les deux côtés après Charlottesville ? Non. Le retour au relativisme lorsqu’on parle du KKK, des sympathisants nazis et des suprémacistes blancs ? Clairement non », a ainsi réagi sur Twitter la parlementaire de Floride Ileana Ros-Lehtinen. Trois chefs d’entreprise, membres d’un conseil consultatif de Donald Trump, en avaient démissionné lundi, dont ceux des laboratoires Merck et d’Intel.
Statues déboulonnées
Le statue équestre que la municipalité de Charlottesville a décidé de déboulonner est celle de Robert Edward Lee, qui a dirigé les troupes confédérées des États esclavagistes de 1861 à 1865, durant la Guerre de Sécession. Il avait notamment écrit à sa femme en 1856 : « Les Noirs sont incommensurablement mieux ici qu’en Afrique, moralement, socialement et physiquement. L’éprouvante discipline qu’ils subissent est nécessaire pour leur éducation en tant que race. » La nuit dernière, la ville de Baltimore a fait retirer plusieurs statues représentant des figures confédérées, appliquant un vote du conseil municipal lundi, après deux ans de réflexion sur le sujet.
L’extrême droite américaine
L’extrême droite américaine se désigne régulièrement par le terme « alt-right » (pour droite alternative), créé en 2008 par Richard Spencer. Ce militant âgé de 39 ans appelle à une « épuration ethnique pacifique » des États-Unis et proclame la supériorité de la race blanche. Richard Spencer a soutenu la campagne de Donald Trump pour la Maison-Blanche en raison de ses positions sur l’immigration et l’identité américaine. Fin 2016, l’agence Associated Press a demandé à ses journalistes de ne pas utiliser le terme d’« alt-right » sans préciser la nature raciste, nationaliste et populiste du mouvement, afin de ne pas en minimiser les ressorts.