Hier en fin d’après-midi, une fourgonnette a foncé dans la foule à Barcelone sur les Ramblas, la principale artère touristique de la ville. Cette attaque, revendiquée par le groupe État islamique (EI), a tué au moins 13 personnes. Puis, dans la nuit, une voiture a elle aussi foncé sur des passants à Cambrils, station balnéaire à une centaine de kilomètres au sud de Barcelone. Les cinq occupants ont été tués, six passants et un policier ont été blessés.
Le bilan des victimes
Une des victimes de l’attaque de Cambrils a succombé à ses blessures aujourd’hui. Le bilan des victimes des deux attentats s’établissait cet après-midi à 14 morts et 130 blessés. Parmi les personnes décédées figurent trois Espagnols, trois Allemands, deux Italiens, un Américain, une Portugaise et une Belge. Le ministère des Affaires étrangères a annoncé que 28 Français avaient été blessés au cours de l’attaque de Barcelone, dont 8 dans un état grave. Une minute de silence en présence du Premier ministre Mariano Rajoy et du roi Felipe VI a été observée à midi, place de Catalogne à Barcelone. Les milliers de personnes présentes ont rendu hommage aux victimes et ont scandé : « Je n’ai pas peur. »
Le point sur l’enquête
Quatre suspects, trois Marocains et un Espagnol, ont été arrêtés. La police espagnole établit un lien entre la double attaque et une explosion accidentelle, la nuit précédente, dans une maison à Alcanar, à 200 km au sud de Barcelone, qui a fait un mort et sept blessés. « Les enquêteurs soupçonnent les occupants du logement d’avoir préparé un engin explosif », a expliqué le chef de la police catalane, considérant que « l’explosion a évité que les suspects puissent utiliser l’engin explosif » et qu’une « attaque de plus grande envergure était sans doute prévue ». Une vingtaine de bonbonnes de gaz ont été retrouvées dans cette maison. L’auteur de l’attaque de Barcelone n’était pas identifié cet après-midi. La police estime qu’il pourrait faire partie des cinq terroristes abattus à Cambrils.
La Catalogne exposée au djihadisme
L’Espagne, troisième destination touristique au monde, avait été jusqu’ici épargnée par les attentats des djihadistes de l’EI. Mais le pays avait connu en 2004 les attentats islamistes les plus meurtriers commis en Europe (revendiqués par un groupe islamiste au nom d’Al-Qaïda) dans des trains de banlieue à Madrid, faisant 191 morts. En avril 2015, la police catalane avait arrêté 11 personnes et démantelé une cellule djihadiste. « Les deux principaux foyers de propagande, voire de recrutement djihadiste apparaissent comme étant la Catalogne d’une part, les villes de Ceuta et de Melilla, enclavées en territoire marocain, d’autre part », écrit sur son blog l’historien spécialiste du Moyen-Orient Jean-Pierre Filiu, qui précise que la police espagnole mène une « action préventive très volontariste ».
Un mode opératoire devenu habituel
Le recours à un véhicule fonçant dans une foule nécessite peu de préparation et de ressources, d’où l’expression de « terrorisme low cost » utilisée pour qualifier ce type d’attentat. En un an, six attaques au véhicule bélier ont été revendiquées par l’EI en Europe. La plus meurtrière fut celle du 14 juillet 2016 à Nice (86 morts et 450 blessés). Berlin, Londres (à deux reprises) et Stockholm ont également été frappés de cette manière entre décembre 2016 et juin 2017. Avant sa mort en 2016, le Syrien Abou Mohammed al-Adnani, porte-parole de l’EI, avait encouragé les terroristes à tuer « de n’importe quelle manière », citant l’utilisation d’une voiture.