Le tribunal de Saint-Gaudens (Haute-Garonne) a débouté hier après-midi une quarantaine de patients qui avaient saisi la justice en référé pour obtenir du laboratoire Merck des boîtes de l’ancienne formule du Levothyrox, un médicament utilisé dans le traitement d’un dysfonctionnement de la thyroïde. Ils déclaraient souffrir d’effets secondaires depuis le changement de formule intervenu fin mars.
« Absence de certificats médicaux »
Le juge des référés a rejeté leur plainte en raison de l’absence de certificats médicaux constatant les effets secondaires ressentis par les patients, de l’existence de substituts et parce que « seulement 0,6 % soit 15 600 des 2,6 millions de personnes traitées par Lévothyrox » sont concernées par ce problème. Il a également rejeté leur demande d’indemnisation pour « préjudice d’angoisse ». L’avocat des plaignants a déclaré qu’ils allaient faire appel.
D’autres décisions de justice
Cette décision va à l’encontre de celle prise le 14 novembre par le tribunal de Toulouse, qui avait condamné le laboratoire Merck à fournir « par le biais des circuits de distribution et de commercialisation, sans délai » l’ancienne formule du produit, désormais nommée Euthyrox, à 25 patients de la Haute-Garonne. Le laboratoire a fait appel. D’autres décisions de justice sont encore attendues à Toulouse, à Paris ou à Lyon, après des plaintes déposées par des collectifs de patients.
Ancienne formule disponible
Depuis le 20 décembre, 100 000 nouvelles boîtes de l’ancienne formule sont disponibles en France et Merck a annoncé que 100 000 autres étaient en cours acheminement pour début 2018. Elles sont destinées aux personnes ayant déjà commencé un traitement avec l’Euthyrox, bénéficiant d’une ordonnance de renouvellement. En octobre, le laboratoire avait remis à disposition son ancienne formule sur prescription médicale pour des nouveaux patients. Merck a toutefois précisé qu’il souhaitait remplacer l’ancienne formule par la nouvelle dans toute l’Europe d’ici fin de 2018 au plus tard.
Aucun nouvel effet indésirable
C’est à la demande de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), un établissement dépendant du ministère de la Santé, que le laboratoire Merck a changé la formule de son médicament, afin d’en garantir une meilleure conservation. Un rapport publié par l’ANSM en octobre établit qu’aucun « effet indésirable d’un type nouveau », lié à la nouvelle formule, n’a été découvert et que les effets indésirables rapportés sont liés à la transition entre les traitements. L’agence notait toutefois que la fréquence de signalement était « inattendue » et proposait la mise en place d’une discussion entre professionnels de santé et patients, organisée depuis dans le cadre d’un comité de suivi qui se réunit une fois par mois.