• Dans quel contexte est mort le président tchadien ?
Le président du Tchad, Idriss Déby, est mort des suites de blessures causées lors de combats entre l’armée et des rebelles dans le nord du pays, a annoncé aujourd’hui le Conseil militaire de transition tchadien, à peine formé. Le président et chef des armées avait « pris la tête des opérations » menées depuis 10 jours dans le Nord contre une offensive du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad, un groupe rebelle. Constitué aujourd’hui pour une transition de 18 mois, le Conseil militaire de transition (CMT) est dirigé par un des fils d’Idriss Déby, le général Mahamat Idriss Déby. Le CMT a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale et du gouvernement et l’organisation d’élections à l’issue de la transition. Selon des résultats provisoires communiqués hier par la commission électorale, Idriss Déby avait recueilli plus de 79 % des suffrages au premier tour de l’élection présidentielle le 11 avril, lui assurant un sixième mandat.
• Comment Idriss Déby a-t-il dirigé le pays ?
Idriss Déby, militaire de carrière, a pris le pouvoir en 1990 lors d’un coup d’État. Il s’y est maintenu pendant cinq mandats présidentiels. Une révision de la Constitution en 2005 a supprimé la limitation à deux mandats. Idriss Déby « tient les rênes du pouvoir parce qu’il est arrivé à museler et à diviser l’opposition », mais aussi parce qu’il « bénéficie de l’appui de l’armée » et de la France, expliquait en 2016 le directeur de recherche Philippe Hugon sur le site de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), un centre de réflexion. Selon lui, la contestation populaire est faible du fait de l’analphabétisme d’une grande partie de la population. Le Tchad, qui compte 16 millions d’habitants, était classé en 2019 au 187e rang sur 189 de l’indice de développement humain de l’ONU, qui prend notamment en compte l’espérance de vie et le niveau d’éducation.
• Quel rôle joue le Tchad dans la lutte contre le djihadisme ?
Le Tchad est engagé dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Son armée fournit l’un des plus importants contingents de la Minusma, la mission de maintien de la paix de l’ONU au Mali, avec près de 1 400 soldats. Le Tchad participe également au G5 Sahel, une coalition créée par les pays de la région pour lutter contre le djihadisme. Il héberge plusieurs bases de la force française Barkhane, qui lutte contre les groupes terroristes au Sahel depuis 2014. Ce « pays-garnison » est une « pièce centrale » du dispositif militaire français en Afrique, expliquait Frédéric Lejeal, ancien journaliste spécialiste de l’Afrique, sur le site de l’Iris en février. Plus l’implication d’Idriss Déby dans la lutte contre le djihadisme était forte, plus les partenaires internationaux étaient « mutiques sur les réalités de son régime », analysait-il.