6 novembre 2021

On revient au début

Les objectifs climatiques fixés lors des COP

La COP26, la 26e édition d’une conférence des Nations unies sur le changement climatique, s’est ouverte dimanche dernier à Glasgow, en Écosse. Plusieurs pays ont pris cette semaine des engagements en faveur du climat, dont celui de « stopper » la déforestation d’ici 2030. Depuis la première COP en 1995, ces sommets internationaux ont abouti à deux accords contraignants majeurs.


À l’origine

Tandis qu’a émergé depuis les années 1960 une prise de conscience écologique, l’ONU organise pour la première fois une conférence internationale dédiée à l’environnement en 1972 à Stockholm, la capitale de la Suède. La Conférence des Nations unies sur l’environnement, qui réunit 113 États, adopte la Déclaration de Stockholm, affirmant que « la protection et l’amélioration de l’environnement est une question d’importance majeure ». Elle est assortie d’une série de principes et de recommandations. Une application concrète de cette conférence est la création du Programme des Nations unies pour l’environnement. Cette première conférence internationale sur l’environnement est suivie d’une deuxième 10 ans plus tard au Kenya. En 1988, l’ONU crée le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec). Dans son premier rapport publié en 1990, le Giec reconnaît la responsabilité des activités humaines dans le réchauffement climatique.


Les dates clés

1992

En 1992, l’ONU organise une nouvelle conférence décennale sur l’environnement à Rio de Janeiro, au Brésil. Environ 160 États y signent la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), un traité international qui reconnaît le rôle de l’activité humaine sur les concentrations de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère et dans le réchauffement climatique. Son objectif est de « stabiliser » ces concentrations dans l’atmosphère « à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse », c’est-à-dire induite par l’être humain, « du système climatique ». Le traité réclame aux pays développés, d’où sont émis la majeure partie des GES, d’être « à l’avant-garde de la lutte contre les changements climatiques ». La CCNUCC crée la Conférence des parties (COP), un organe décisionnel chargé de veiller à la mise en œuvre de la convention. La COP réunit chaque année les parties signataires, ainsi que des acteurs non étatiques comme des ONG. Le premier sommet de la COP se tiendra en 1995 en Allemagne. À ce jour, 196 États et l’UE ont ratifié la convention et font partie de la COP.

1997

Le protocole de Kyoto est adopté en 1997 dans cette ville du Japon lors de la troisième COP. Il s’agit du premier traité international contre le réchauffement climatique juridiquement contraignant. Il impose des objectifs chiffrés d’émissions de GES et différenciés pour 38 pays développés et en transition vers une économie de marché, de sorte à réduire le total de leurs émissions d’au moins 5 % entre 2008 et 2012 par rapport au niveau de 1990. Les États-Unis, alors le principal pays émetteur de GES, n’ont jamais ratifié le protocole, le président américain George W. Bush ayant dénoncé en 2001 l’absence d’objectifs pour les pays en développement et l’impact négatif du protocole sur l’économie américaine. Les pays participants au protocole ont réduit leurs émissions de 24 % en 2012 par rapport à celles de 1990, selon une évaluation de 2014 du CDC Climat, un organisme de recherche économique, qui relativise en partie cet objectif largement atteint par l’effondrement des économies des pays de l’ancien bloc soviétique dans les années 1990.

2009

En 2009, la COP15, organisée à Copenhague, la capitale du Danemark, a pour ambition d’aboutir à un nouvel accord international pour succéder au protocole de Kyoto, conformément à un engagement pris lors de la COP13. Elle se solde toutefois par un échec. L’accord de Copenhague, s’il évoque la nécessité de limiter le réchauffement climatique à 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, est un texte non contraignant, qui ne comporte aucun objectif chiffré de réduction des émissions de GES. Parmi les pays émergents, la Chine en particulier, qui est devenue le pays le plus émetteur de CO2 devant les États-Unis depuis 2006, s’est opposée à de tels objectifs contraignants réclamés par les pays les plus développés. Les pays émergents « sont désormais en compétition économique avec les pays industrialisés », ce qui rend ces derniers moins enclins à leur faire des concessions sur les objectifs climatiques, analyse la chercheuse Emma Broughton dans une revue scientifique en 2010.

2015

En décembre 2015, 194 pays et l’Union européenne adoptent l’accord de Paris lors de la COP21. Ce traité international, juridiquement contraignant, vise à contenir le réchauffement climatique « nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels » et à poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5 °C. Pour la première fois, toutes les nations sont concernées par le texte. Pour parvenir à l’objectif de l’accord de Paris, les parties fixent leurs engagements nationaux de réduction d’émissions de GES, qu’elles s’engagent à réhausser tous les cinq ans. À ce jour, les engagements pris par les États parties de l’accord prévoient « une augmentation sensible, d’environ 16 %, des émissions mondiales de GES en 2030 par rapport à 2010 », selon une synthèse actualisée fin octobre par le secrétariat de la CCNUCC. Le Giec a estimé dans un rapport en août que les émissions de gaz à effet de serre devraient diminuer de 45 % d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2010 pour contenir le réchauffement climatique à 1,5 °C et de 25 % pour le limiter à 2 °C.


Pour / contre

À l’ouverture de la COP26, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à une « plus grande ambition » pour réduire les émissions de GES. Les avis divergent sur l’intérêt des COP. B‌r‌i‌e‌f‌.‌m‌e a compilé quelques arguments pour et contre.

Pour. La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a affirmé mercredi sur Franceinfo que ces « raouts internationaux » créaient « une forme de mobilisation » et permettaient des annonces de la part des pays émetteurs, en instaurant une « pression internationale ». S’il reconnaît que « chaque conférence ne peut pas déboucher sur un grand accord », le chercheur François Gemenne, membre du Giec, a considéré mardi sur France 3 que « l’action d’un pays isolé contre le changement climatique » n’avait « aucun sens ».

Contre. La militante suédoise Greta Thunberg a affirmé jeudi sur Twitter que la COP26 était un « festival de greenwashing des pays riches » et d’industriels qu’elle a accusés de ne pas se soucier réellement du climat. « Les COP ne servent à rien du tout à part médiatiser les catastrophes », a considéré le réalisateur et président de la fondation GoodPlanet, Yann Arthus-Bertrand, sur Franceinfo dimanche dernier, estimant que « tout le monde va signer des traités en revenant pour montrer à ses électeurs qu’on a fait quelque chose, mais sur le fond, ça fait quand même 20 ou 30 ans qu’on ne fait rien ».