Le Programme alimentaire mondial (PAM), une agence de l’ONU, a rapporté lundi que 45 millions de personnes étaient au bord de la famine dans une quarantaine de pays, contre 42 millions un peu plus tôt dans l’année. La lutte contre la faim dans le monde est menée par des organisations internationales comme le PAM, des ONG ou par les États. Le nombre de personnes souffrant de la faim a considérablement reculé à partir des années 1990, mais il augmente à nouveau depuis 2015.
811 millions de personnes, soit plus de 10 % de la population mondiale, sont à ce jour concernées par la faim, selon le PAM. « La faim peut prendre plusieurs aspects, mais ses deux manifestations les plus connues sont d’une part la malnutrition, qui peut se définir comme un déséquilibre de la ration alimentaire en quantité et/ou en qualité, d’autre part la famine, forme beaucoup plus violente et extrême », explique l’économiste et géographe Sylvie Brunel dans son ouvrage de 2002 « Famines et politique ». La faim peut être provoquée par des aléas climatiques ayant affecté les cultures agricoles d’un pays, par une crise économique ou encore par un conflit. Les régions du monde les plus touchées sont l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud. En Europe, les dernières grandes famines ont eu lieu en Irlande à la moitié du XIXe siècle et en Ukraine dans les années 1930. D’autres pays ont connu ensuite de graves famines, comme la Chine à la fin des années 1950.
En mai 1967, une région du sud-ouest du Nigeria déclare son indépendance, marquant le début de la guerre du Biafra, qui va durer deux ans et demi. Imposant un blocus alimentaire à la région sécessionniste qui se donne le nom de République du Biafra, le régime nigérian utilise la famine comme une arme de guerre. Ce drame humanitaire est largement médiatisé. Le conflit choque les pays occidentaux et donne naissance à une nouvelle conception de l’aide humanitaire. « Les médecins envoyés au Biafra par le Comité international de la Croix-Rouge se révoltent contre l’obligation de neutralité qui leur est imposée et décident la création de Médecins sans frontières (MSF) en 1971 », explique Sylvie Brunel dans « Famines et politique ». Quelques années plus tard, un groupe d’intellectuels français revendiquant également cette nouvelle vision de l’action humanitaire crée Action internationale contre la faim – qui deviendra par la suite Action contre la faim (ACF). L’ONG intervient pour la première fois au Pakistan en 1979, auprès de réfugiés afghans après l’invasion de leur pays par l’URSS.
En septembre 1995, la Corée du Nord lance un appel à l’aide internationale après avoir subi de graves inondations. La crise alimentaire est due aux aléas climatiques, mais aussi à la vulnérabilité de l’économie du pays qui vit en autarcie. L’aide afflue, sans parvenir réellement aux Nord-Coréens affamés, estiment les ONG présentes, qui accusent le régime communiste de laisser volontairement mourir une partie de la population. Face à un constat d’échec, ces organisations quittent les unes après les autres le pays à la fin des années 1990. Dans un article publié en 1999 dans la revue Esprit, François Jean, directeur de recherche à MSF, déplore que les organisations humanitaires n’aient « jamais réussi à faire prévaloir deux principes essentiels de l’action humanitaire : la possibilité d’évaluer les besoins en toute indépendance et de contrôler librement la distribution de l’assistance ». Selon le spécialiste américain de la Corée Stephan Haggard, 600 000 à un million de Nord-Coréens sont morts de famine au milieu des années 1990.
En janvier 2003, à peine arrivé au pouvoir, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, dit « Lula », lance le programme « Faim Zéro ». Celui-ci prévoit des mesures contre « les causes sous-jacentes de la faim et de la malnutrition, notamment l’inégalité des revenus, les problèmes d’accès à la terre et la médiocrité des infrastructures et des services dans les zones rurales », explique la FAO, l’agence de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture. Le pourcentage de la population vivant dans l’extrême pauvreté au Brésil a été divisé par deux sous les deux mandats consécutifs de Lula, selon les données de la Banque mondiale, un organisme de financement du développement, tandis que la proportion des personnes souffrant de malnutrition modérée ou avancée est passée de 16,9 % en 2004 à 11,5 % en 2009, selon la FAO. « Le succès du gouvernement brésilien et le précédent ainsi créé ont produit un effet d’entraînement : d’autres pays se lancent, comme le Mexique avec sa “Croisade nationale contre la faim” », explique l’ingénieur et économiste Bruno Parmentier dans un ouvrage collectif de 2017. L’ONU se réfère aussi au slogan « Faim Zéro » depuis 2012.
Le 9 octobre 2020, le prix Nobel de la paix est décerné au Programme alimentaire mondial pour « ses efforts de lutte contre la faim ». Cette agence de l’ONU, créée en 1961 à l’initiative des États-Unis, est uniquement financée par des dons, la plupart venant des États. « Depuis 1945, les États-Unis, grands producteurs de céréales, apportaient déjà une telle aide alimentaire de manière bilatérale à plusieurs pays du Sud, ce qui leur permettait d’étendre leur influence sur ces pays », explique l’historienne Chloé Maurel dans un article publié fin 2020 dans The Conversation. Les critiques concernant l’action du PAM ces dernières décennies « demeurent minoritaires et, au sein d’une ONU souvent dénoncée comme impuissante, le PAM reste considéré comme un programme efficace par l’opinion mondiale », poursuit-elle. En 2020, le PAM a reçu un record de financements de 8,4 milliards de dollars (7,3 milliards d’euros) permettant de venir en aide à 115 millions de personnes dans 84 pays tels que la République démocratique du Congo, le Nigeria ou le Yémen.
Quels modèles agricoles pour lutter contre la faim ? En raison de la croissance de la population mondiale, la FAO estimait en 2009 que la production alimentaire devrait augmenter de 70 % d’ici 2050 pour nourrir 9,3 milliards de personnes. « Deux grandes voies, souvent antagonistes et irréconciliables, se présentent pour affronter ce problème. La première consiste à poursuivre la “révolution verte” en s’appuyant davantage sur la génétique et en utilisant une quantité croissante d’organismes génétiquement modifiés (OGM) », explique l’ingénieur et économiste Bruno Parmentier dans « Un monde d’inégalités ». Le terme de « révolution verte » correspond aux politiques de modernisation agricole entreprises par plusieurs pays, comme l’Inde dans les années 1960, qui ont permis de faire considérablement reculer la faim au sein de leur population. « L’autre voie est celle de l’agroécologie, ou agriculture “écologiquement intensive” », poursuit Bruno Parmentier. Ce modèle de développement agricole plus respectueux de l’environnement est défendu par de nombreuses ONG, comme Action contre la faim qui estime que « les États doivent orienter leurs efforts vers l’agroécologie et vers des systèmes alimentaires locaux et pérennes ».
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