Tout s’explique

Emmanuel Macron annonce la construction de nouveaux EPR

  • Qu’a annoncé le chef de l’État ?

    Emmanuel Macron a annoncé cet après-midi la construction de six réacteurs nucléaires de type EPR2 et le lancement de plusieurs chantiers concernant les énergies renouvelables, tels que la construction d’une cinquantaine de parcs éoliens en mer d’ici 2050. Un EPR est un réacteur nucléaire de troisième génération, présenté par ses promoteurs comme capable de produire davantage d’électricité à partir de la même quantité de combustible qu’un réacteur de deuxième génération. Un EPR2 est, selon le producteur d’électricité EDF, une « version optimisée de l’EPR » censée être « plus facile à construire ». Alors que la France veut atteindre la neutralité carbone en 2050, soit l’équilibre entre les émissions de CO2 et leur élimination de l’atmosphère, Emmanuel Macron a déclaré que le pays n’avait pas « d’autre choix que de miser en même temps » sur le nucléaire et les énergies renouvelables, ajoutant que ces dernières étaient « le seul moyen de répondre à nos besoins immédiats en électricité là où il faut 15 ans pour construire un réacteur nucléaire ».

  • Comment a évolué la politique d’Emmanuel Macron sur le nucléaire ?

    Le président a affirmé aujourd’hui qu’il souhaitait prolonger la durée de vie de « tous les réacteurs nucléaires qui peuvent l’être », si possible au-delà de 50 ans. Il revient ainsi sur une promesse faite en 2018, celle de fermer 14 réacteurs d’ici 2035, dont les deux de Fessenheim (Haut-Rhin) définitivement arrêtés en 2020. Il n’a pas précisé si cette annonce remettait en question son objectif d’abaisser la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 %, contre environ 70 % à l’heure actuelle, comme le prévoit une loi. Lorsqu’il était candidat à la présidentielle de 2017, il s’était engagé à y parvenir en 2025, puis, six mois après son élection, il a repoussé cette échéance à 2035. En mars 2021, il a demandé à la Commission européenne, codétentrice du pouvoir exécutif de l’UE avec les États membres, d’intégrer le nucléaire dans sa taxonomie, soit la classification des activités ayant un impact favorable dans la lutte contre le changement climatique, ce qu’elle a fait début février.

  • Où en est la construction d’EPR ?

    Il y a actuellement trois EPR en service dans le monde, deux en Chine et un en Finlande. Tous ont été livrés avec du retard : cinq ans pour les EPR chinois, 12 ans pour l’EPR finlandais. L’un des EPR chinois est à l’arrêt depuis cet été, soit un an et demi après son lancement, en raison d’une concentration anormale de gaz rares dans le circuit primaire. Trois autres EPR sont en construction : deux au Royaume-Uni et un en France, à Flamanville (Manche). Pour ce dernier, EDF prévoit une mise en service en 2023, contre 2012 initialement. Il estime le coût final à 12,7 milliards d’euros, près de quatre fois plus que le budget initial. Dans un rapport remis au gouvernement en 2019, l’ancien dirigeant de groupes industriels Jean-Martin Folz liait les difficultés de construction de cet EPR à « une perte de compétences généralisée », qu’il expliquait par l’absence de construction de centrale entre 1991 et 2006 et par le départ en retraite des salariés spécialisés.

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