Tout s’explique

Regain de tensions entre les autorités maliennes et la France

  • De quoi la junte militaire au Mali accuse-t-elle la France ?

    Le gouvernement malien a accusé hier soir la France d’« espionnage » et de « subversion ». Il dénonce la publication par l’armée française d’images, qu’il qualifie de « fausses », visant à accuser les forces armées maliennes de « tueries de civils ». Ces vidéos, tournées par l’armée française et publiées par plusieurs médias français le 22 avril [voir les images], montrent des personnes, que l’armée présente comme des mercenaires russes du groupe Wagner, recouvrir des cadavres. Elles ont été tournées à côté de la base militaire de Gossi, dans le centre du Mali. Les forces françaises ont remis cette base aux forces armées maliennes le 19 avril, dans le cadre du désengagement annoncé par Emmanuel Macron en février. L’armée française a rendu ces vidéos publiques après la publication d’un tweet les accusant d’être à l’origine de ces exactions. L’armée a qualifié ce tweet « d’attaque informationnelle ».

  • Quel est l’état des relations entre la France et le Mali ?

    Les relations entre les deux pays se sont dégradées depuis que des militaires ont pris le pouvoir au Mali en août 2020. En février, Emmanuel Macron a jugé que les « conditions politiques, opérationnelles et juridiques » n’étaient « plus réunies » pour mener la lutte antiterroriste qui justifiait la présence de troupes françaises au Mali. Le retrait des forces françaises est en cours et doit s’achever à la fin de l’été. En mars, le gouvernement malien a suspendu la diffusion des médias français RFI et France 24, après des reportages faisant état d’exactions de la part de l’armée malienne. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a accusé fin mars la junte au pouvoir d’être prise « en otage » par les mercenaires russes du groupe Wagner. La Cédéao et l’Union africaine, deux organisations intergouvernementales africaines, ont suspendu le Mali de leurs instances l’an dernier.

  • Que sait-on des exactions commises au Mali ?

    De janvier à mars, la Minusma, la mission de l’ONU au Mali, a recensé près de 230 meurtres de civils dans le pays ainsi que des cas d’enlèvements et de torture. Début avril, l’armée malienne a déclaré que 203 terroristes avaient été « neutralisés » dans le village de Moura. L’ONG de défense des droits humains Human Rights Watch dénonce « un massacre » dans ce village du centre du Mali. L’armée malienne et des « soldats étrangers, identifiés par plusieurs sources comme étant russes » y ont « exécuté sommairement environ 300 civils, dont certains étaient soupçonnés d’être des combattants islamistes », rapportait l’ONG début avril. Les forces françaises sont également visées par des accusations. La Minusma les accuse d’avoir frappé en janvier 2021 un mariage « très majoritairement composé de civils », faisant « au moins 22 morts ». Le ministère français des Armées affirme avoir visé un « groupe armé terroriste ».

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