Tout s’explique

La France rapatrie des femmes et des enfants de djihadistes de Syrie

  • Combien de personnes ont été rapatriées de Syrie ?

    35 mineurs et 16 femmes ont été rapatriés de Syrie aujourd’hui, a déclaré le ministère français des Affaires étrangères. Ces compagnes et enfants de djihadistes du groupe État islamique étaient retenus dans des camps du nord-est de la Syrie contrôlés par les Kurdes. Le parquet national antiterroriste français a précisé que toutes ces femmes sont concernées par des procédures judiciaires. Le Collectif des familles unies, qui réunit en France des membres de familles d’enfants retenus dans ces camps, a espéré que ce rapatriement « signe la fin de cette abjecte politique du “cas par cas” », soulignant qu’il s’agissait de la première fois que la France rapatriait « des enfants avec leurs mères ». Il a déploré qu’il « reste 150 enfants et leurs mères » dans ces camps. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait estimé en 2020 que les adultes devaient « être poursuivis au plus près du lieu où ils ont commis leurs crimes ».

  • Dans quelles conditions les familles de djihadistes sont-elles retenues en Syrie ?

    Dans les camps syriens, les enfants, qui ne sont pas scolarisés, « vivent dans des conditions sanitaires inhumaines, manquent des produits de première nécessité, notamment l’eau, la nourriture et les soins de santé, et font face à un risque imminent de mort », a dénoncé en février le Comité des droits de l’enfant de l’ONU. Le refus de la France de rapatrier des enfants français retenus en Syrie « viole leur droit à la vie », a estimé l’ONU. En avril, Claire Hédon, qui dirige le Défenseur des droits, une autorité administrative indépendante, a réclamé le rapatriement, « dans les plus brefs délais » de tous ces enfants et de leurs mères. En décembre, une Française de 28 ans, diabétique et insulino-dépendante, mère d’une petite fille, est décédée dans un camp syrien. L’avocate de cette femme a estimé auprès de Franceinfo qu’elle avait manqué de soins et qu’« elle aurait pu être sauvée si elle avait été rapatriée ».

  • Comment sont réinsérés les enfants de retour en France ?

    Les mineurs arrivés en France aujourd’hui « ont été remis aux services chargés de l’aide à l’enfance et feront l’objet d’un suivi médical », a précisé le ministère des Affaires étrangères. Dans le cas des enfants arrivés lors de précédents rapatriements, cet examen psychologique et sanitaire a duré « à peu près trois mois », a expliqué la semaine dernière à l’AFP Thierry Baubet, chef du service de pédopsychiatrie à l’hôpital Avicenne de Bobigny. « Certains étaient mal en point psychiquement avec des crises d’angoisse, un sommeil troublé, des cheveux qui tombent », a déclaré à l’agence de presse la vice-présidente du tribunal pour enfants de Bobigny, Muriel Eglin. Le parquet national antiterroriste a précisé qu’il assurerait « un suivi centralisé des mineurs concernés, en lien avec les parquets locaux, parties à la procédure d’assistance éducative ».

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