Tout s’explique

L’État lance une OPA pour renationaliser EDF

  • Qu’a annoncé le gouvernement ?

    L’État va lancer une offre publique d’achat (OPA) afin de détenir 100 % du capital d’EDF et retirer la société de la bourse, a annoncé aujourd’hui le ministère de l’Économie. Une OPA est une proposition faite aux actionnaires d’une société cotée de racheter leurs titres à un prix donné pendant une période déterminée afin de prendre le contrôle de cette société. L’État, qui détient 84 % du capital du producteur d’électricité, compte ainsi racheter les 16 % de titres restants à un prix d’achat de 12 euros par action. Cette opération, qui comprend aussi des rachats de titres de dette, coûtera environ 9,7 milliards d’euros à l’État, a précisé le ministère de l’Économie. Le gouvernement prévoit de soumettre cette OPA début septembre à l’examen de l’Autorité des marchés financiers, un organisme de régulation public indépendant, sous réserve que le Parlement adopte d’ici là les crédits nécessaires dans la loi de finances rectificative pour 2022 actuellement en discussion.

  • Pourquoi l’État veut-il renationaliser EDF ?

    La Première ministre, Élisabeth Borne, avait justifié début juillet le souhait de l’État de renationaliser EDF par la nécessité de « piloter » la transition énergétique et de faire face aux conséquences énergétiques de la guerre en Ukraine. Le ministère de l’Économie a précisé aujourd’hui que cette opération permettrait de « mener de manière accélérée plusieurs chantiers » annoncés par Emmanuel Macron, dont la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires d’ici 2050. EDF « est fortement endetté », à hauteur de 43 milliards d’euros en 2021, et il « n’est pas en mesure aujourd’hui de s’endetter davantage dans de bonnes conditions pour financer de nouveaux réacteurs nucléaires », expliquent les économistes Jacques Percebois et Boris Solier dans le site Connaissance des énergies. Avec la renationalisation, « c’est l’État qui va s’endetter et il pourra le faire dans de bien meilleures conditions qu’EDF », ajoutent-ils.

  • Dans quelles entreprises l’État détient-il une participation majoritaire ?

    Après une dernière grande vague de nationalisations au début des années 1980, l’État s’est désengagé à partir de 1986 des secteurs concurrentiels et les privatisations partielles ou totales se sont multipliées. Fin 2019, l’État contrôlait directement 85 entités et détenait une participation majoritaire dans 2 000 sociétés, qui employaient 783 000 salariés, selon les données publiées en janvier par l’institut national de statistiques Insee. Plus de la moitié (59 %) des effectifs de ces sociétés travaillaient dans le secteur des transports et 17 % dans le secteur de l’industrie minière, des énergies et de la gestion des déchets. « L’État peine à être un bon actionnaire », jugeait la Cour des comptes, chargée du contrôle de la dépense publique, dans un rapport en 2017. Elle estimait que l’actionnariat public se révélait « rarement le moyen le plus adapté pour contrer la perte de compétitivité et la désindustrialisation de l’économie française ».

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