Une nouvelle fuite de gaz a été signalée en mer Baltique au-dessus du gazoduc Nord Stream 2.
L’Otan a dénoncé des « actes de sabotage délibérés, imprudents et irresponsables ».
Qu’ont annoncé les garde-côtes suédois ?
Les garde-côtes suédois ont signalé aujourd’hui la présence d’une nouvelle fuite de gaz en mer Baltique, située au-dessus du gazoduc Nord Stream 2. Cette annonce porte à quatre le nombre de fuites identifiées depuis lundi et provenant des gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2. Deux de ces fuites sont situées dans la zone économique exclusive de la Suède et les deux autres dans celle du Danemark [voir une carte]. « Toutes les informations disponibles indiquent qu’il s’agit du résultat d’actes de sabotage délibérés, imprudents et irresponsables », a déclaré aujourd’hui l’Otan, une alliance militaire de 30 pays. Elle a précisé que « toute attaque délibérée contre les infrastructures » de ses membres « se heurterait à une réponse unie et déterminée ». L’exécutif ukrainien a accusé mardi la Russie d’être à l’origine de ces fuites tandis que la Russie a implicitement incriminé mercredi les États-Unis. Plusieurs enquêtes ont été ouvertes pour déterminer l’origine des dégâts, dont l’une par la Russie.
À quoi servent ces gazoducs ?
Bien que remplis de gaz, Nord Stream 1 et Nord Stream 2, qui relient la Russie à l’Allemagne par la mer, ne sont pas opérationnels. Le premier a été arrêté le 31 août par son exploitant, la société gazière russe Gazprom, officiellement pour maintenance. Le 5 septembre, la présidence russe a annoncé que les livraisons de gaz via ce gazoduc ne pourraient pas reprendre en raison du maintien des sanctions prises contre la Russie en raison de la guerre en Ukraine. Elles empêchent l’importation du matériel nécessaire aux réparations, selon la Russie. Nord Stream 2 n’a jamais été mis en service. La construction de ce gazoduc a été entravée par plusieurs séries de sanctions imposées à partir de 2020 par les États-Unis. Ils craignaient que Nord Stream 2 soit un moyen pour la Russie d’affaiblir l’Ukraine en ne passant plus par son territoire pour distribuer son gaz en Europe. La construction de ce gazoduc a finalement été achevée en septembre 2021, mais sa mise en service a été bloquée par l’autorité allemande de régulation de l’énergie, avant d’être suspendue en raison de la guerre en Ukraine.
Quels sont les impacts de ces fuites sur le climat ?
Le gaz qui s’échappe des gazoducs est composé à plus de 90 % de méthane, un gaz à effet de serre. Son pouvoir de réchauffement est environ 80 fois plus important que celui du CO2, à quantité égale, sur une durée de 20 ans, selon l’ONU. S’il se dégrade à plus long terme, son pouvoir réchauffant reste environ 30 fois supérieur à celui du CO2 sur un horizon de 100 ans. L’impact des fuites des gazoducs dépendra toutefois de leur taille. Le gouvernement danois a prévenu qu’aucune intervention ne pourrait avoir lieu avant une à deux semaines en raison des remous causés par le gaz. Andrew Baxter, directeur de l’ONG américaine Environmental Defense Fund, a présenté sur Twitter un calcul de la quantité de méthane susceptible de se retrouver dans l’atmosphère en provenance du seul Nord Stream 2. Il l’évalue à 9,6 millions de tonnes d’équivalent CO2, soit « le même impact climatique que les émissions annuelles de 2 millions de voitures à essence ».