Tout s’explique

Les mathématiques de nouveau obligatoires pour tous en classe de première

  • Les mathématiques avaient disparu du tronc commun en première et terminale après la réforme du lycée de 2019.

  • La part des filles étudiant au moins six heures de mathématiques par semaine a considérablement baissé en deux ans.

  • Qu’a annoncé le ministère de l’Éducation nationale ?

    Le ministère de l’Éducation nationale a annoncé hier plusieurs mesures devant permettre de « promouvoir l’excellence, mais aussi réconcilier tous les élèves avec les mathématiques et encourager l’égalité filles-garçons ». Celles-ci comprennent l’enseignement obligatoire, à partir de la rentrée 2023, d’une heure et demie de mathématiques pour les élèves de première générale. Cette matière était devenue optionnelle pour tous après la réforme du lycée de 2019, qui a mis fin aux filières (littéraire, économique et social, scientifique). En plus d’un tronc commun – dont ne faisaient plus partie les mathématiques à partir de la première – les lycéens en voie générale doivent choisir trois spécialités en première, réduites à deux en terminale. La Société mathématique de France, une société savante, a déploré en septembre le fait que « l’effectif des élèves à profil scientifique » ait « chuté de 24 % » en deux ans.

  • Quel est le niveau des élèves français en mathématiques ?

    « La France bénéficie d’une tradition d’excellence mathématique ininterrompue », souligne le mathématicien Stéphane Jaffard dans un dossier de presse du CNRS, un organisme public de recherche, publié la semaine dernière. 18 universités françaises font partie des 100 premières universités en mathématiques dans le monde, selon le classement 2022 dit « de Shanghai », et les scientifiques français font régulièrement partie des récipiendaires de la médaille Fields, distinction la plus prestigieuse en mathématiques. Pour autant, le niveau des jeunes de 15 ans en mathématiques a chuté entre 2004 et 2018, selon l’enquête Pisa (Programme international pour le suivi des acquis), qui mesure les performances des systèmes éducatifs de nombreux pays. « Les mathématiques, plus que les autres disciplines, sont réputées difficiles, sélectives et élitistes, poussant de nombreux élèves à s’interdire de les aborder », estime le dossier de presse du CNRS.

  • Pourquoi la part de filles étudiant les mathématiques a-t-elle chuté ?

    La part de filles suivant au moins six heures de mathématiques par semaine en terminale est passée de 47,5 % en 2019 à 35,7 % en 2021, selon le Collectif Maths&Sciences. « La rupture est aussi brutale qu’inédite », dénonce ce groupe de réflexion rassemblant des professeurs et des chercheurs dans un communiqué publié le mois dernier. Il estime que la réforme du lycée est responsable de cette baisse massive et que demander aux élèves de sélectionner des spécialités précocement les pousse à faire « des choix stéréotypés ». Le collectif juge aussi que l’intitulé « élitiste » de la spécialité « mathématiques expertes » peut « tendre à décourager davantage les filles que les garçons ». Les mesures annoncées hier par le ministère de l’Éducation nationale comprennent la lutte dès l’école maternelle « contre les stéréotypes de genre qui découragent les filles » et la valorisation des « rôles modèles féminins ».

Pour aller plus loin