Tout s’explique

Embargo européen sur le pétrole russe

  • Les importations de pétrole brut russe acheminé par voie maritime vers l’UE sont suspendues depuis aujourd’hui.

  • La Russie redirige ses ventes de pétrole vers les pays asiatiques.

  • Que prévoit cet embargo ?

    Les importations de pétrole brut russe par voie maritime dans les pays de l’Union européenne sont suspendues depuis aujourd’hui. Cette sanction, adoptée en réaction à la guerre menée par la Russie en Ukraine, a été prise par les dirigeants des États membres de l’UE en mai. Elle prévoyait une période de transition devant « permettre au secteur et aux marchés mondiaux de s’adapter ». L’accord prévoit d’étendre à partir de février l’embargo aux produits pétroliers raffinés (tels que l’essence), dont l’UE est encore plus dépendante. Très consommateurs de pétrole russe, certains pays d’Europe centrale pourront encore s’approvisionner par oléoducs. L’UE et les membres du G7, qui représente sept pays parmi les plus grandes puissances économiques du monde, se sont par ailleurs accordés vendredi soir sur un plafonnement des prix du pétrole russe. Il interdit aux compagnies maritimes des pays du G7 d’acheminer du pétrole russe vers des pays tiers si son prix excède 60 dollars le baril.

  • Quelles sont les conséquences pour l’industrie pétrolière russe ?

    « Les volumes et les revenus des exportations de pétrole de la Russie ont augmenté entre octobre et novembre », principalement en raison d’une hausse des achats de certains pays européens (Allemagne et Italie) avant qu’entre en vigueur l’embargo sur les importations, explique sur son site le CREA, un centre de recherche finlandais spécialisé dans l’énergie. Celui-ci affirme que plusieurs pays comme la Chine, l’Inde, les Émirats arabes unis, la Turquie, la Malaisie et Singapour « s’efforcent de combler le vide qui sera laissé par l’arrêt des importations de l’UE » en se portant acquéreurs du pétrole russe. Cependant, il est difficile pour l’industrie pétrolière russe d’exporter davantage vers l’Asie de l’Est et du Sud-Est : « Les infrastructures qui permettent à la Russie d’exporter depuis ses ports du Pacifique sont déjà saturées », a expliqué Lionel Ragot, spécialiste des questions énergétiques, à Alternatives économiques.

  • Comment l’UE s’approvisionne-t-elle en pétrole ?

    30 % du pétrole utilisé en 2021 dans l’Union européenne provenait de Russie, selon le CREA. La quasi-totalité (90 %) des importations européennes de pétrole russe sont concernées par l’embargo, explique la Commission européenne, codétentrice du pouvoir exécutif de l’UE avec les États membres, sur son site. Pour remplacer le pétrole russe, « l’Union européenne s’approvisionnera davantage aux États-Unis, au Moyen-Orient et en Afrique », a estimé auprès du Figaro Francis Perrin, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques, un centre de réflexion. L’embargo n’empêchera cependant pas le pétrole russe de finir en Europe : déjà, certains pays émergents « achètent avec de gros rabais des volumes » de pétrole russe, « les raffinent et se font des marges en les exportant vers l’Europe », a signalé au Monde Marc-Antoine Eyl-Mazzega, chercheur à l’Institut français des relations internationales.