La justice belge a mis en examen et placé en détention plusieurs responsables européens le week-end dernier. Ils sont soupçonnés d’avoir été payés par le Qatar dans le but d’adopter des positions politiques favorables au pays. Depuis une trentaine d’années, le Qatar, riche monarchie du Golfe, s’appuie sur ses importantes réserves d’énergies fossiles et sur des investissements dans plusieurs secteurs comme le sport ou les médias pour tenter d’exercer son influence dans le monde.
Le Qatar, un ancien protectorat britannique, devient indépendant en 1971. Ce petit pays désertique à peine plus grand que la Corse forme une presqu’île dans le golfe Persique [voir une carte]. Le Qatar était à l’origine un pays pauvre, dépendant principalement de la pêche. Mais la découverte de gisements d’énergies fossiles (pétrole et gaz) au milieu du XXe siècle a accéléré son développement économique. Aujourd’hui, son PIB par habitant, soit la production totale de biens et de services rapportée au nombre de résidents, est l’un des plus élevés au monde. Le Qatar a créé en 2005 un fonds souverain qui investit dans divers domaines à travers le monde (sport, immobilier, technologies). Le pays est contrôlé par une famille au pouvoir depuis 1971, les Al Thani. L’émir Khalifa a été destitué par son fils Hamad en 1995. Ce dernier a ensuite laissé en 2013 le pouvoir à son fils, Tamim, l’actuel dirigeant du pays.
La compagnie pétrolière anglo-néerlandaise Shell découvre en 1971 un immense champ de gaz naturel situé à cheval entre l’espace maritime du Qatar et celui de l’Iran [voir une carte]. Jusqu’alors, « l’économie du pays était essentiellement basée sur ses ressources pétrolières qui représentaient alors près de 90 % de ses revenus », explique dans un article publié en 2013 Perla Srour-Gandon, experte en relations internationales. Ce champ, appelé « North Field » côté Qatar, sera exploité à partir des années 1980, « dans un contexte de baisse de production pétrolière », précise Perla Srour-Gandon. « Progressivement, la production de gaz naturel devient la principale priorité économique du pays », poursuit-elle. Le Qatar était en 2021 le deuxième exportateur de gaz naturel liquéfié (GNL) derrière l’Australie, selon les statistiques du groupe pétrolier BP. La guerre en Ukraine déclenchée début 2022 par la Russie, deuxième producteur de gaz naturel, bénéficie au Qatar : en novembre, la Chine puis l’Allemagne annoncent des accords d’approvisionnement en GNL avec l’émirat.
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