Tout s’explique

Pertes et dettes records pour EDF

  • Le producteur français d’électricité a perdu 17,9 milliards d’euros l’an dernier.

  • L’entreprise pâtit d’un phénomène de corrosion dans ses centrales nucléaires et du bouclier tarifaire sur l’énergie.

  • Quels résultats EDF a-t-il annoncés ?

    Le producteur et fournisseur français d’électricité EDF a annoncé aujourd’hui des pertes historiques de 17,9 milliards d’euros pour l’année 2022. L’endettement de l’entreprise atteint 64,5 milliards d’euros, un record pour EDF. Le chiffre d’affaires a progressé de près de 70 % sur un an. Cette augmentation s’explique par la hausse des prix de vente de l’électricité, ainsi que par la croissance de 67 % du nombre de clients résidentiels, attirés par le tarif réglementé de l’électricité proposé par l’entreprise. Dans le même temps, les coûts d’approvisionnement permettant de répondre à cette demande ont progressé plus fortement. Les pertes enregistrées en 2022 sont les pires pour une société française depuis celles de Vivendi (23,3 milliards d’euros) et celles de France Télécom (20,7 milliards) enregistrées en 2002.

  • Comment expliquer ces pertes records ?

    Les résultats d’EDF ont été « fortement pénalisés » par la baisse de la production d’électricité nucléaire, explique le groupe dans un communiqué publié aujourd’hui. Cette baisse s’explique en partie par le phénomène de corrosion sous contrainte qui a nécessité l’arrêt temporaire de plusieurs réacteurs et des travaux de réparation de tuyauterie. Dans l’ensemble, la production d’électricité d’EDF a baissé de 23 % en 2022. Cette diminution a obligé l’entreprise publique à acheter sur le marché européen de l’électricité, dont le prix a fortement augmenté à la suite du déclenchement de la guerre en Ukraine. Dans le même temps, elle était contrainte de vendre son électricité aux fournisseurs privés en France à un prix fixé par l’État en deçà des cours du marché. Dans le journal Le Figaro, Emmanuel Autier, du cabinet de conseil BearingPoint, estime que « EDF a servi de grenier financier au bouclier tarifaire » mis en place par le gouvernement pour limiter la hausse des factures d’électricité des ménages.

  • Où en est la renationalisation à 100 % d’EDF ?

    L’État, qui détenait déjà 84 % du capital d’EDF, a lancé fin 2022 une offre publique d’achat (OPA) [lire une définition] afin d’en détenir 100 % et de retirer la société de la bourse. Début février, l’État avait atteint 96 % du capital de l’entreprise, a annoncé l’Autorité des marchés financiers, un organisme de régulation public indépendant. Le gouvernement s’est engagé à attendre une décision de la cour d’appel de Paris, prévue ce printemps, avant de terminer son OPA. Des actionnaires qui contestent le prix proposé par l’État pour racheter leurs actions ont en effet saisi la justice. Avec la renationalisation à 100 %, « c’est l’État qui va s’endetter » pour financer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires et « il pourra le faire dans de bien meilleures conditions qu’EDF », expliquaient les économistes Jacques Percebois et Boris Solier dans le site Connaissance des énergies en juillet. Emmanuel Macron a annoncé en février 2022 la construction de six réacteurs de type EPR2 d’ici à 2050.

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