Tout s’explique

La réponse des opposants à la réforme des retraites après le 49.3

  • Deux motions de censure ont été déposées contre le gouvernement.

  • Le groupe Liot compte sur sa position « transpartisane » pour rassembler largement derrière sa motion.

  • Comment réagissent les opposants à la réforme ?

    Les réactions se sont multipliées aujourd’hui après le recours hier par le gouvernement à l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter le projet de réforme des retraites. À l’initiative de militants syndicaux, des actions de blocage ont été menées sur des axes routiers ou ferroviaires dans plusieurs régions de France. Plusieurs milliers de personnes ont défilé en milieu de journée à Rennes. Des manifestations étaient prévues ce soir dans plusieurs villes comme Strasbourg et Pau. L’intersyndicale a appelé hier soir à une journée de mobilisation jeudi prochain. À l’Assemblée nationale, le groupe Liot (centre) et celui du Rassemblement national (RN, extrême droite) ont chacun déposé aujourd’hui une motion de censure contre le gouvernement. Elles seront discutées lundi. Pour être adoptée et ainsi entraîner le rejet de la réforme et la chute du gouvernement, l’une d’elles devra réunir les voix de la majorité absolue des députés (soit 287 voix actuellement) [voir notre graphique sur l’équilibre des forces].

  • Qu’est-ce que le groupe Liot ?

    Le groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (Liot) a présenté sa motion de censure comme « transpartisane ». Son idée est de rassembler les oppositions malgré leurs divergences. Lors des 10 précédents recours au 49.3 par l’actuel gouvernement, le RN a voté plusieurs des motions de censure déposées par La France insoumise (LFI), mais cette dernière n’a jamais voté celles du RN. LFI a promis de voter la motion du groupe Liot. « On a besoin du ralliement des députés LR qui se sont manifestés » contre le projet de réforme, a précisé ce matin sur Sud Radio le président du groupe Liot, Bertrand Pancher. Lors de la création du groupe Liot, en juin dernier, Bertrand Pancher déclarait que les valeurs du groupe étaient « les territoires, l’outre-mer », ainsi qu’une « forte dimension sociale » et « la liberté ». Le groupe Liot rassemble des députés ultramarins, des autonomistes corses, deux anciens socialistes et plusieurs membres anciens ou actuels de partis de centre droit comme l’UDI.

  • Quels sont les autres moyens d’action envisagés par les opposants à la réforme ?

    Outre la motion de censure, les opposants au projet de réforme des retraites ont évoqué plusieurs pistes pour obtenir son abandon. Le député socialiste Boris Vallaud a évoqué hier un recours au Conseil constitutionnel, l’instance chargée de contrôler la conformité des lois à la Constitution. Le député LR Aurélien Pradié avait déclaré en février avoir « un sérieux doute » sur la constitutionnalité de la procédure ayant consisté à faire passer le projet de réforme des retraites par un projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Mercredi, le secrétaire général du syndicat CFDT, Laurent Berger, avait appelé les parlementaires à lancer un référendum d’initiative partagée (RIP) pour solliciter l’avis des citoyens. Pour aboutir, un RIP doit recueillir les signatures d’au moins 185 parlementaires, puis les signatures électroniques d’au moins 10 % du corps électoral (soit plus de 4,5 millions de personnes). Aucun RIP n’a été organisé jusqu’ici.

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