Les marchés financiers ont été affectés cette semaine par la crainte d’une vaste crise bancaire en raison des difficultés de la banque Credit Suisse et de la faillite de trois banques américaines dont la Silicon Valley Bank. Ces dernières décennies, en particulier après 2008, les États ont progressivement adopté des mesures préventives pour limiter les risques de crises bancaires.
Une crise bancaire est l’un des aspects possibles d’une crise financière (qui peut aussi se traduire par une crise boursière ou une crise monétaire). Elle se caractérise par une « chute de la rentabilité, voire une faillite, pour une ou plusieurs banques importantes », explique le site de sciences économiques et sociales Melchior. Les crises bancaires sont dues à différents facteurs comme des problèmes de liquidités (la banque ne parvient pas à honorer ses échéances financières immédiates, comme des demandes de retrait) ou de solvabilité (la banque ne présente pas la capacité de payer ses dettes). Ces situations ont plusieurs origines possibles, parmi lesquelles des comportements risqués des établissements financiers ou une perte de confiance des clients. Une crise bancaire dans un pays peut s’étendre à d’autres pays, en raison de l’internationalisation du système financier. Ces crises peuvent aussi affecter l’économie réelle en réduisant l’offre de crédits aux entreprises et aux particuliers.
En juillet 1988, le comité de Bâle, qui rassemble les représentants des banques centrales de 10 pays industrialisés – parmi lesquels les États-Unis et la France – émet une série de recommandations visant à assurer la stabilité du système bancaire mondial, surnommées « accords de Bâle I ». Le comité est né 14 ans plus tôt, après la faillite de la banque allemande Herstatt qui a entraîné, par « effet domino », des difficultés pour d’autres banques. Au début des années 1980, « plusieurs pays en voie de développement, particulièrement en Amérique latine, connaissent d’importantes crises financières ayant des répercussions internationales, notamment aux États-Unis », explique à Brief.me Catherine Karyotis, professeure de finance à Neoma Business School. Les pays du comité de Bâle « ont donc cherché des moyens d’éviter que ce genre de crise se reproduise », poursuit-elle. Les accords de Bâle I prévoient l’établissement d’un ratio de fonds propres – surnommé le « ratio Cooke » – dont une banque devrait disposer lorsqu’elle octroie des crédits. Le ratio Cooke est un indicateur de la solvabilité de la banque. Le comité de Bâle rassemble aujourd’hui les banques centrales et les autorités de supervision bancaire de 27 pays et de l’UE.
En 1994, l’État français lance un plan de sauvetage du Crédit lyonnais. Cette banque publique a enregistré d’importantes pertes en 1993 liées à des investissements massifs dans l’immobilier, un secteur touché par une crise. Une structure dite « de défaisance » est créée afin de regrouper les crédits les plus risqués de la banque, qui sont alors garantis par l’État. Insuffisant, ce premier plan de sauvetage sera suivi d’un deuxième en 1995. Le Crédit lyonnais a été jugé « too big to fail » (trop gros pour faire faillite), c’est-à-dire que sa faillite aurait pu entraîner un « risque systémique », un risque de propagation à l’ensemble du système financier, souligne Catherine Karyotis. Elle précise qu’aujourd’hui, le système bancaire français est bien plus « solide », en raison des mesures de régulation adoptées ces dernières décennies. Certains économistes estiment que le fait que les banques françaises soient dites « universelles » – c’est-à-dire le fait que leurs activités soient diversifiées, contrairement à certaines banques américaines très spécialisées comme l’était la Silicon Valley Bank – permet de mieux répartir les risques.
En septembre 2008, la banque américaine Lehman Brothers fait faillite, dans le contexte de la crise des « subprimes », des crédits immobiliers à risque accordés à des ménages américains à solvabilité réduite. Ces crédits ont été transformés en obligations (des titres de dette) – on parle de titrisation – dans le but de les revendre à des investisseurs, dont des banques. Alors que les ménages ayant contracté des subprimes sont devenus de moins en moins solvables dans un contexte de hausse des taux d’intérêt et de chute des prix de l’immobilier, la valeur de ces obligations s’est effondrée. Ne sachant pas précisément la quantité de créances titrisées détenues par leurs concurrentes, les banques ont cessé de se faire confiance et donc de se prêter de l’argent, provoquant une crise de liquidités. Cet événement entraînera une prise de conscience autour de la nécessité de renforcer la régulation du système bancaire dans le monde. Proposés en 2010, les accords de Bâle III, qui prévoient notamment un renforcement du ratio Cooke, seront mis en œuvre dans l’UE, mais restent à appliquer aux États-Unis.
En mars 2013, Chypre est confrontée à la menace de l’effondrement de son système bancaire. Le pays, qui a un faible taux d’imposition, a attiré durant les années précédentes d’importants capitaux étrangers et beaucoup de ces fonds ont été investis en Grèce. Or, cette dernière fait face à d’importantes difficultés financières après la crise de 2008. Alors que plusieurs banques chypriotes se trouvent au bord de la faillite, le gouvernement demande l’aide de l’UE et ferme ses établissements bancaires face au risque d’un « bank run » (ruée bancaire). Ce terme désigne un mouvement de panique conduisant une grande partie des clients d’une banque en difficulté à vouloir retirer leurs dépôts, aggravant par là même la situation de l’établissement. Pour éviter le « bank run », la réouverture des banques chypriotes est assortie de mesures comme la limitation des retraits et des virements à l’étranger. L’UE et le FMI, un organisme chargé de garantir la stabilité financière mondiale, débloquent un plan de sauvetage de 10 milliards d’euros pour Chypre, exigeant en contrepartie des mesures d’austérité.
Si votre banque fait faillite, vos dépôts ne sont pas perdus pour autant : le système de garantie des dépôts, mis en place en 1999 en France, prévoit l’indemnisation des clients d’un établissement bancaire ne pouvant plus faire face à ses engagements. Ce système est géré par le Fonds de garantie des dépôts et de résolution, un organisme dont les ressources proviennent des établissements bancaires. Dans les pays de l’UE, le plafond de dépôts garantis est de 100 000 euros par client et par banque. Au-delà de ce montant, les dépôts sont à risque.
Pour aller plus loin
Une infographie des Échos sur la faillite de Lehman Brothers.
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