Tout s’explique

Le partage de la valeur revient dans les débats

  • Le président veut que les groupes qui rachètent leurs propres actions acquittent une « contribution exceptionnelle ».

  • Les rachats d’actions ont atteint des niveaux inédits en France.

  • Qu’a proposé Emmanuel Macron ?

    Lors de son entretien télévisé diffusé hier, Emmanuel Macron a annoncé vouloir soumettre les grandes entreprises qui utilisent leurs profits pour racheter leurs propres actions à une « contribution exceptionnelle ». Il ne propose pas de créer une taxe sur les rachats d’action, comme l’ont fait les États-Unis. Le président souhaite que les groupes qui s’adonnent à cette pratique allouent une part plus importante de leurs « profits exceptionnels » à leurs salariés. « Nous voulons donc les obliger à distribuer plus d’intéressement, plus de participation, plus de primes défiscalisées », a détaillé hier après-midi le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. Il a précisé que cette « contribution exceptionnelle » ne serait demandée qu’aux entreprises de « plus de 5 000 salariés » et qu’il reviendrait aux partenaires sociaux de la négocier. La CFDT a déclaré hier regretter que l’exécutif n’imagine pas « de nouveaux dispositifs ».

  • Comment évolue le partage de la valeur en France ?

    La valeur ajoutée, qui correspond à la richesse créée par les entreprises et les administrations, permet de rétribuer les travailleurs (rémunérations), l’État et le système de protection sociale (prélèvements obligatoires) et les actionnaires (dividendes). Depuis 1959, des dispositifs de partage de la valeur ont été mis en place en France pour verser aux salariés un complément de rémunération fondé sur les performances de l’entreprise. Les principaux sont l’intéressement et la participation, qui couvrent 9 millions de salariés, selon une étude publiée en 2021 par la direction générale du Trésor, une branche du ministère de l’Économie. La loi Pacte de 2019 a simplifié ces dispositifs pour en favoriser l’adoption, en particulier au sein des petites entreprises. Le mois dernier, les partenaires sociaux ont signé un accord sur le partage de la valeur, que le gouvernement s’est engagé à transposer dans une loi. Il prévoit notamment d’obliger les entreprises de 11 à 49 salariés à mettre en place un mécanisme de partage de la valeur, si elles dégagent un bénéfice significatif.

  • En quoi consiste le rachat d’actions ?

    Le rachat d’actions consiste pour une entreprise à racheter une partie de ses titres. Une fois rachetées, les actions sont généralement annulées. L’opération augmente ainsi la part du capital détenue par chaque actionnaire. Son objectif est de rendre l’action plus attractive et d’en augmenter la valeur. Certains économistes critiquent le fait que, pour mener à bien ces opérations, une entreprise utilise sa trésorerie, ce qui diminue ses possibilités d’investissement, par exemple en recherche-développement. En 2021 comme en 2022, les entreprises du CAC 40, un indice rassemblant 40 des principales entreprises cotées à la Bourse de Paris, ont consacré près de 24 milliards d’euros à ces rachats, selon Vernimmen.net, une lettre spécialisée dans la finance. Il s’agit d’un record. Pour freiner ce phénomène également en plein essor aux États-Unis, l’exécutif américain a instauré cette année une taxe de 1 % sur la valeur des actions que se rachètent les sociétés cotées en bourse.