Tout s’explique

Près de 100 morts dans des violences au Soudan

  • Les forces de l’armée régulière et d’un groupe paramilitaire s’affrontent depuis samedi au Soudan.

  • Le Soudan connaît une instabilité politique depuis la chute d’Omar el-Béchir en 2019.

  • Que se passe-t-il au Soudan ?

    Des affrontements ont eu lieu aujourd’hui au Soudan [voir une carte], pour le troisième jour consécutif, entre l’armée soudanaise et un groupe paramilitaire. Ces combats ont commencé samedi à Khartoum, la capitale, puis dans d’autres endroits du pays entre les forces de l’armée contrôlée par le général al-Burhane, qui dirige le pays, et les Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire dirigé par le général Daglo, dit Hemedti. Il était difficile de savoir aujourd’hui quel camp contrôlait quelles infrastructures. Les combats se sont concentrés ce week-end autour de plusieurs sites stratégiques à Khartoum, comme la télévision d’État et l’aéroport. Près de 100 civils sont morts dans les combats, selon un bilan communiqué ce matin par un comité de médecins soudanais. Trois humanitaires de l’ONU travaillant au Darfour, une région de l’ouest du pays, sont morts lors de violences samedi, a annoncé l’institution. Plusieurs pays et organismes internationaux ont appelé à la cessation des hostilités au Soudan, dont la France et l’ONU.

  • Comment a évolué la situation politique depuis la chute d’Omar el-Béchir ?

    La situation actuelle au Soudan trouve ses origines en 2019 : cette année-là, le président Omar el-Béchir, au pouvoir depuis un coup d’État en 1989, a été destitué par l’armée après plusieurs mois de contestation populaire [lire notre article]. Un gouvernement de transition composé de militaires et de civils a pris la suite, jusqu’à ce que le général al-Burhane écarte les civils en octobre 2021. Ce nouveau putsch a été réalisé avec le soutien des FSR. Le général Hemedti est devenu le second du général al-Burhane à la tête du Soudan, mais des dissensions sont apparues entre les deux hommes. Un désaccord a émergé ces dernières semaines sur l’intégration des FSR à l’armée régulière, que prône al-Burhane dans le cadre d’une transition politique. Sur Twitter, les FSR ont affirmé aujourd’hui qu’ils cherchaient à « mettre un terme définitif à ce groupe de putschistes qui a détourné la volonté » du peuple et de l’armée.

  • Qui sont les Forces de soutien rapide ?

    Les Forces de soutien rapide (FSR) ont été créées en 2013, sous l’égide des autorités soudanaises, afin de lutter contre les mouvements rebelles dans le pays, en particulier au Darfour. Ce groupe paramilitaire est issu des milices Janjawid, qui ont combattu les rebelles au Darfour à partir de 2003 aux côtés de l’armée. Les FSR ont pour objectif d’« assister les forces armées soudanaises » dans leurs missions et de faire « face aux cas d’urgence déterminés par la loi », expliquent-elles sur leur site internet. Elles mènent des opérations de lutte contre l’immigration illégale et contre le trafic d’armes à feu, selon leur site. Le groupe a été accusé d’avoir commis des exactions (exécutions, viols, détentions arbitraires, etc.) contre des civils par l’ONG de défense des droits humains Human Rights Watch.

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