Tout s’explique

Évacuations de ressortissants étrangers au Soudan

  • La France a évacué près de 400 ressortissants étrangers du Soudan, en proie à des violences depuis 10 jours.

  • La situation humanitaire s’aggrave et de nombreux déplacés cherchent à fuir vers les pays voisins.

  • Quelles personnes ont été évacuées du Soudan ?

    La France a procédé aujourd’hui et hier à l’évacuation de 388 personnes du Soudan, en proie à des violences depuis le 15 avril, a annoncé aujourd’hui le ministère français des Affaires étrangères. Il s’agit de Français ainsi que de citoyens étrangers et du personnel diplomatique de l’Union européenne. Ils ont été convoyés hors du pays par avion militaire vers Djibouti. Les ambassades de France et des États-Unis au Soudan ont suspendu leur activité ces derniers jours. D’autres pays ont également procédé au rapatriement de leurs ressortissants ou de leur personnel diplomatique ce week-end. Josep Borrell, haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères, a précisé aujourd’hui que plus d’un millier d’Européens avaient été évacués. Depuis 10 jours, les forces de l’armée régulière, contrôlée par le général al-Burhane, qui dirige le Soudan, affrontent les Forces de soutien rapide, un groupe paramilitaire dirigé par le général Hemedti.

  • Comment évolue la situation sur place ?

    Les belligérants s’opposaient toujours aujourd’hui. Les combats sont concentrés à Khartoum, la capitale, ainsi qu’au Darfour, une région de l’ouest du pays [voir une carte]. Vendredi, une trêve de trois jours avait été décrétée pour fêter la fin du ramadan, mais elle n’a pas été respectée. Les affrontements ont fait plus de 420 morts et plus de 3 700 blessés, selon le dernier bilan communiqué ce matin par le bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha). De nombreux Soudanais cherchent à fuir les zones de combat, en allant « notamment vers le Tchad, l’Égypte et le Soudan du Sud », a précisé l’Ocha. Des pénuries d’eau, de nourriture, de médicaments et de carburants sont signalées et les prix des produits de première nécessité ont fortement augmenté. Des pillages ont lieu et la délivrance de l’aide humanitaire est compromise dans plusieurs endroits du pays.

  • À quelles difficultés humanitaires le pays est-il confronté ?

    « Avant que le conflit n’éclate, les besoins humanitaires au Soudan avaient atteint des niveaux records », rappelle l’Ocha. Dans ce pays de plus de 45 millions d’habitants, un tiers de la population nécessitait une assistance humanitaire, soit le ratio le plus élevé depuis 2011, rapportait l’Ocha dans un rapport paru en novembre, citant comme facteurs les conflits intercommunautaires localisés, ainsi que la montée de la criminalité et de l’insécurité au Darfour. Outre les conflits, l’inflation, les mauvaises récoltes et les chocs climatiques comme les inondations sont les principaux facteurs de l’insécurité alimentaire, explique sur son site le Programme alimentaire mondial (PAM), une agence de l’ONU. Le Soudan est confronté à des niveaux élevés de malnutrition et plus d’un enfant sur trois souffre d’un retard de croissance et « n’atteint pas son plein potentiel cognitif et physique », selon le PAM.

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