Tout s’explique

Opération contrariée contre la délinquance et l’immigration à Mayotte

  • La justice a suspendu l’évacuation d’un bidonville prévue ce matin à Mayotte, dans le cadre d’une opération policière.

  • Mayotte est confrontée à une forte pauvreté et à une importante délinquance.

  • Quels revers l’opération « Wuambushu » a-t-elle connus ?

    Le tribunal judiciaire de Mamoudzou, à Mayotte, a suspendu ce matin l’évacuation d’un bidonville de ce département français situé dans l’océan Indien. Cette évacuation devait constituer la première grande étape d’une opération policière contre la délinquance et l’immigration illégale, baptisée « Wuambushu ». Le tribunal a ordonné au préfet de « proposer des solutions de relogement adaptées aux familles concernées ». La préfecture de Mayotte a annoncé faire appel de cette décision. « On relogera les Français » et « les étrangers en situation régulière » qui vivent dans ce bidonville, a affirmé ce matin le préfet sur la chaîne de télévision locale Kwezi TV. Aucune autre évacuation de bidonville n’a été annoncée. Hier, un navire transportant notamment des personnes expulsées de Mayotte s’est vu refuser l’entrée dans l’archipel voisin des Comores [voir une carte]. La semaine dernière, le gouvernement des Comores avait annoncé qu’il refuserait d’accepter les personnes expulsées de Mayotte.

  • Comment l’exécutif justifie-t-il cette opération ?

    1 800 policiers et gendarmes ont été mobilisés à Mayotte pour l’opération Wuambushu, a déclaré le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, sur Franceinfo vendredi. Aujourd’hui, il a affirmé sur Twitter que l’action menée dans cet archipel visait à « la restauration de la paix républicaine » en luttant contre « l’insalubrité, l’insécurité et la non-reconnaissance du droit de propriété ». L’opération Wuambushu est soutenue par les deux députés de Mayotte, qui appartiennent aux groupes parlementaires d’opposition Liot (centre) et LR (droite). C’est une opération que la population « demande depuis plusieurs années », a déclaré à B‌r‌i‌e‌f‌.‌m‌e Fahad Idaroussi Tsimanda, chercheur en géographie et spécialiste de Mayotte. L’association Droit au logement a critiqué dimanche l’opération prévue à Mayotte en estimant que les expulsions allaient briser des familles et les jeter « dans la grande misère ».

  • À quelles difficultés est confrontée Mayotte ?

    Département français depuis 2011, « Mayotte est devenue une sorte d’eldorado » pour les Comoriens, pour qui elle représente « un îlot de richesse dans un océan de pauvreté », explique Fahad Idaroussi Tsimanda. Près de la moitié des habitants de Mayotte sont de nationalité étrangère, selon le dernier recensement mené en 2017, explique l’institut national de statistiques Insee, sans préciser s’il s’agit d’étrangers en situation régulière ou non. 95 % des étrangers sont comoriens. L’archipel, dont le taux de pauvreté est le plus important des départements français, est également confronté à une forte délinquance. Les habitants sont personnellement trois fois plus victimes de vols avec ou sans violences que ceux de la métropole et « le recours à la violence ou aux menaces » y est « beaucoup plus fréquent », selon une note publiée en 2021 par l’Insee.

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