L’armateur CMA CGM a déclaré vendredi 26 mai qu’il allait racheter le journal économique La Tribune. Le groupe marseillais, dirigé par le Franco-Libanais Rodolphe Saadé, poursuit ainsi son développement dans le secteur des médias, après avoir récemment racheté le groupe La Provence et après être entré au capital du groupe M6 ainsi que du média en ligne Brut. Rodolphe Saadé fait partie de la dizaine de milliardaires qui investissent dans les médias en France.
Les médias privés existant aujourd’hui en France sont, sauf exception, des sociétés commerciales. Selon une étude coordonnée par l’économiste Julia Cagé et publiée en 2017, seuls 18 % des actionnaires des médias de presse écrite (papier et en ligne) en France ont une activité principale relevant du secteur de l’information et de la communication. Les investisseurs peuvent contrôler plusieurs médias, à l’image de Vincent Bolloré via Vivendi (qui détient les groupes Canal+ et Prisma Media) ou Bernard Arnault (Les Échos, Le Parisien, etc.). « Il existe aujourd’hui des groupes disposant dans chacun des secteurs (presse écrite, radio, télévision) d’une position relativement dominante, mais pas monopolistique », selon un rapport parlementaire publié en 2022. Si « les journalistes qui travaillent pour les médias détenus par ces industriels ne subissent pas directement et au quotidien la pression de leurs actionnaires », « la concentration a un impact majeur sur la qualité et la diversité de l’information délivrée au public », alertaient des journalistes dans une tribune publiée dans Le Monde en 2021.
La loi du 30 septembre 1986, dite loi Léotard, du nom du ministre de la Culture et de la Communication, affirme le principe de la liberté pour « l’exploitation et l’utilisation des services de télécommunication », qui comprennent la télévision et la radio. Elle instaure toutefois des seuils de détention de capital dans les chaînes de télévision et les radios, ainsi que des limitations de cumul d’autorisations pour des services de radio et de télévision aux échelons national et régional « afin de prévenir les atteintes au pluralisme ». Ce texte prépare la privatisation de TF1, une des trois chaînes publiques, annoncée par François Léotard quelques mois plus tôt. Le ministre a justifié cette privatisation par la volonté « d’éloigner l’État de l’information » et celle de favoriser « l’existence d’un secteur privé de qualité, c’est-à-dire de création ». En 1987, le groupe de construction Bouygues deviendra le principal actionnaire de TF1.
En 2007, LVMH rachète Les Échos au groupe britannique Pearson pour 240 millions d’euros. Le groupe spécialisé dans l’industrie du luxe est dirigé par Bernard Arnault, alors première fortune de France et septième fortune mondiale, selon le classement du magazine américain Forbes. LVMH poursuit ainsi son développement dans le secteur des médias, entamé dans les années 1990, après avoir acquis plusieurs titres comme Radio Classique et Connaissance des arts. En 2015, il rachètera Le Parisien-Aujourd’hui en France. D’autres industriels détiennent en France plusieurs titres de presse. C’est le cas de Xavier Niel, fondateur de Free, qui, allié aux hommes d’affaires Matthieu Pigasse et Pierre Bergé, a pris en 2010 le contrôle du groupe Le Monde. 17 milliardaires figuraient au capital de médias français en 2022 [voir une infographie], selon un recensement effectué fin 2022 par Le Monde diplomatique et Acrimed, un observatoire critique des médias.
Le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, via sa holding Czech Media Invest, rachète en 2019 des magazines au groupe Lagardère, dont Elle et Télé 7 Jours. La transaction s’élève à 52 millions d’euros. En 2018, Daniel Kretinsky est devenu également un actionnaire indirect du Monde et a racheté l’hebdomadaire Marianne. Le milliardaire a fait fortune dans le secteur des énergies en Europe centrale. Il a expliqué dans un entretien à Canal+ en 2018 que sa fortune lui permettait de mettre en œuvre une démarche « citoyenne » en investissant dans la presse. « La presse est absolument fondamentale » pour « protéger la démocratie libérale en Europe », a-t-il déclaré, précisant que ses investissements dans la presse servaient une « lutte contre le populisme ». Plusieurs raisons expliquent les investissements réalisés par des industriels dans les médias, dont la « visibilité » qu’ils leur confèrent « auprès de l’establishment politico-médiatique », expliquait l’historien des médias Patrick Eveno dans un entretien à Capital en 2015.
Une commission d’enquête du Sénat relève, dans un rapport publié en mars 2022, « des mouvements de concentration accélérés par la révolution numérique » ces dernières années. Ils surviennent, selon la commission d’enquête, en raison d’une perte de recettes publicitaires des médias traditionnels au profit des réseaux sociaux et des moteurs de recherche, devenus une « source d’accès privilégiée à l’information ». Ce contexte « induit la nécessité de disposer d’importantes possibilités d’investissement et favorise la prise de contrôle par des capitaines d’industrie solides », analyse la commission d’enquête. Elle cite à ce titre le projet d’acquisition du groupe Lagardère (Europe 1, Le Journal du dimanche, etc.) par Vivendi. Ce dernier a affirmé en juin 2022 chercher à « construire un leader mondial dans le secteur des médias ». « La stratégie d’acquisition effrénée du groupe Vivendi » – qui rachète aussi des distributeurs et des producteurs étrangers – est « présentée par ses promoteurs comme la seule réponse au bouleversement du marché induit par l’apparition des plateformes américaines », relève la commission d’enquête.
54 % des Français pensent que « la plupart du temps il faut se méfier de ce que disent les médias sur les grands sujets d’actualité », selon le baromètre annuel sur la confiance des Français dans les médias réalisé par l’institut d’études Kantar pour La Croix, paru en janvier. Parmi les causes de cette méfiance se trouvent des doutes sur l’indépendance des journalistes : seul un quart des Français estiment que les journalistes sont indépendants aux pressions de l’argent (26 %) ou à celles du pouvoir (24 %), selon le baromètre.
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