Les fusées Ariane 5 seront remplacées par les modèles Ariane 6, dont le premier vol doit intervenir au plus tôt à la fin de l’année.
Les fusées Ariane 6 devront faire face à la concurrence de l’entreprise américaine SpaceX.
Quel est le but de la dernière mission d’Ariane 5 ?
Une fusée Ariane 5 a décollé hier soir depuis Kourou, en Guyane, pour la 117e et dernière fois. Elle a envoyé en orbite deux satellites de télécommunications : un pour le gouvernement allemand et un autre pour le ministère français des Armées. L’envoi du satellite français « marque un tournant majeur pour nos armées » puisqu’il est doté de « meilleures performances » et d’« une meilleure résistance aux brouillages », a déclaré cette nuit le ministre des Armées, Sébastien Lecornu. Le président exécutif de l’entreprise aéronautique française Arianespace, qui exploite les lanceurs Ariane, a expliqué mi-juin sur France Inter qu’Ariane 5 était mise à l’arrêt en raison de son manque d’adaptabilité aux « grandes missions institutionnelles de l’Europe » et parce qu’elle était devenue « trop chère pour le marché ». Elle sera remplacée par les fusées Ariane 6, dont la mise en service n’est pas prévue avant la fin de l’année.
Quelles ont été les missions importantes d’Ariane 5 ?
Le premier vol d’une fusée Ariane 5, en 1996, s’est soldé par un échec : la fusée a explosé juste après le décollage. L’appareil a subi un seul autre raté, en 2002. Des fusées Ariane 5 ont été lancées six à sept fois par an et une part importante des coûts d’exploitation était financée par l’activité commerciale. Ariane 5 a envoyé « principalement des satellites de communication », mais a également réalisé des missions pour des clients institutionnels, explique sur son site l’Agence spatiale européenne (ESA). Elle a lancé la sonde Rosetta vers la comète Tchouri en 2004 et le système mondial de navigation par satellite Galileo en 2016. En avril, une fusée Ariane 5 a envoyé la sonde Juice vers Jupiter, où elle doit arriver dans huit ans. Fin 2021, elle a lancé pour la Nasa, l’agence spatiale américaine, le télescope James-Webb. Il s’agit du plus grand et plus puissant des télescopes spatiaux jamais construits : il embarque des instruments lui permettant d’étudier les confins de l’Univers.
Comment Ariane 6 se compare-t-elle aux fusées de SpaceX ?
L’ESA a pris la décision de développer des fusées Ariane 6 en 2014, avec pour objectif d’assurer « l’indépendance de l’Europe en matière d’accès et d’utilisation de l’espace », explique l’agence sur son site. Contrairement à sa concurrente américaine, la fusée Falcon, de l’entreprise américaine spatiale SpaceX, Ariane 6 n’est pas réutilisable. La Cour des comptes, chargée du contrôle de la dépense publique en France, affirme dans un rapport de 2019 que le nouveau lanceur Ariane 6 « risque de ne pas être durablement compétitif face à la concurrence américaine de SpaceX ». Le rapport donne l’exemple du premier semestre 2018, lors duquel SpaceX a réussi 12 tirs avec son lanceur Falcon 9, soit davantage que ce qu’Arianespace a réalisé au cours de l’année entière. Arianespace a vendu l’année dernière 18 lancements d’Ariane 6 à l’entreprise américaine Amazon pour son projet Kuiper, qui vise à mettre en orbite des milliers de satellites pour offrir une connexion à haut débit.
Pour aller plus loin
Notre panorama sur la conquête spatiale.
Le dossier de Brief.science sur les prouesses du télescope spatial James-Webb.
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