Les dirigeants des Brics, l’acronyme d’un groupe de cinq pays réunissant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, ont décidé, à l’issue d’un sommet la semaine dernière, d’intégrer six pays à leur groupe (Arabie saoudite, Argentine, Égypte, Émirats arabes unis, Éthiopie, Iran). Les pays membres des Brics ont en commun la défense d’un monde « multipolaire », par opposition à un monde unipolaire, dirigé par les grandes puissances traditionnelles. Mais d’importantes différences économiques et divergences politiques existent au sein de ce groupe.
Le premier groupement de « pays émergents » remonte à 1955 : lors de la conférence de Bandung, en Indonésie, les représentants de près de 30 pays africains et asiatiques se rencontrent pour affirmer leur volonté d’échapper à l’influence de l’un ou l’autre des deux camps qui s’opposent lors de la guerre froide (les États-Unis et l’URSS). Le mouvement des pays dits « non alignés » naît quelques années plus tard, en 1961. Il défend la décolonisation et l’avènement d’un ordre international plus favorable aux pays pauvres. Son influence décroît cependant après la fin de la guerre froide. En 2001, Jim O’Neill, chef économiste au sein de la banque d’investissement Goldman Sachs, écrit une note d’analyse dans laquelle il estime qu’en raison de leur poids démographique et de leur fort taux de croissance, le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine (Bric) ont un rôle majeur à jouer dans la gouvernance économique mondiale, par exemple au sein d’instances comme le G7, qui regroupe sept des pays les plus développés. Jim O’Neill identifie néanmoins d’importantes différences sociales et politiques entre les quatre pays et souligne que la Chine domine nettement les autres en matière d’économie.
Les médias et la diplomatie s’emparent progressivement dans les années 2000 du sigle Bric inventé par Jim O’Neill et le premier sommet des chefs d’État des quatre pays concernés a lieu à Ekaterinbourg, en Russie, en 2009, à l’initiative du pays hôte. Dans le contexte de la crise financière mondiale partie des États-Unis un an plus tôt, ils « entendent en premier lieu mettre en place une alternative économique aux crises émanant, selon eux, du monde occidental », explique le chercheur Michaël Oustinoff dans un article publié en 2017. S’ils s’unissent autour d’un objectif commun de défense d’un monde « multipolaire », les États membres du groupe Bric poursuivent aussi « des objectifs nationaux étroits » et restent « très méfiants les uns vis-à-vis des autres pour de multiples raisons dont certaines sont historiques (rivalité sino-russe et sino-indienne) », souligne le politologue Zaki Laïdi dans un article de 2011. Il affirme que pour les quatre pays, « c’est la région qui demeure la dimension privilégiée dans les processus d’intégration économique » plus que l’alliance entre Bric.
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