29 janvier 2022

Dans B‌r‌i‌e‌f‌.‌m‌e ce week-end, les coups d’État en Afrique, la chronologie des médias, un sketch sur l’éducation positive et des photos d’inconnus qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau.

On revient au début

Les coups d’État en Afrique

Des militaires burkinabés ont annoncé lundi à la télévision nationale avoir renversé le président, Roch Kaboré. Dans leur allocution, ils ont dénoncé la « dégradation continue de la situation sécuritaire » et « l’incapacité manifeste du pouvoir » à y faire face. Le Burkina Faso est le troisième État de la région à connaître un coup d’État militaire en quelques mois, après le Mali en mai et la Guinée en septembre. L’Afrique est le continent ayant connu le plus de coups d’État, tentés ou réussis, ces dernières décennies.

Le concept

Un coup d’État ou un putsch est la prise du pouvoir par un petit groupe, militaire ou non, qui renverse les dirigeants en place grâce à des moyens non constitutionnels et la force. Le soutien des forces armées joue souvent un rôle décisif dans la réussite du coup d’État, selon deux chercheurs américains qui ont mis au point une base de données sur les coups d’État perpétrés dans le monde depuis 1950. L’Afrique est le continent sur lequel le plus grand nombre de coups d’État ont été recensés entre 1950 et fin 2021 : il y en a eu 213, dont environ la moitié ont réussi [voir une infographie], selon cette base de données régulièrement mise à jour. « Les coups d’État se produisent généralement dans des pays disproportionnellement pauvres, qui souffrent d’autres formes d’instabilité politique », expliquait Jonathan Powell, un des chercheurs, au Washington Post en 2016. Les oppositions et les ONG dénoncent fréquemment le maintien au pouvoir de certains dirigeants africains ayant eu recours à des modifications de la Constitution, afin de ne plus être limités à un nombre de mandats maximum, et assimilent cette pratique à un « coup d’État constitutionnel ».

Les dates clés

  • 1987
    L’assassinat de Thomas Sankara

    Le capitaine Thomas Sankara, dirigeant du Burkina Faso, est assassiné le 15 octobre 1987 lors d’un coup d’État perpétré par un commando, qui tue également 12 autres personnes. Au pouvoir depuis 1983 après un coup d’État, Thomas Sankara était un révolutionnaire anti-impérialiste. Le soir de son assassinat, un des putschistes annonce la dissolution du Conseil national de la révolution qu’il dirigeait, dénonçant un « pouvoir autocratique ». Le coup d’État porte le capitaine Blaise Compaoré au pouvoir. Il niera toujours avoir commandité l’assassinat de son ami Thomas Sankara. Alors que l’identité du commanditaire demeure inconnue, le procès pour l’assassinat de Thomas Sankara s’est ouvert en octobre dernier au Burkina Faso. 14 personnes y sont jugées, dont Blaise Compaoré, en fuite en Côte d’Ivoire. Bruno Jaffré, historien et militant associatif, a estimé en octobre que le tribunal n’était « pas en possession de tous les éléments nécessaires pour établir l’existence ou non d’un complot international » et d’une éventuelle implication de la France, ancienne puissance coloniale du pays.

  • 2000
    Des sanctions internationales

    En 2000, l’Organisation de l’unité africaine (OUA), une organisation interétatique, adopte la déclaration de Lomé, dans laquelle ses États membres expriment « leur grave préoccupation face à la réapparition du phénomène de coups d’État en Afrique ». Via la déclaration de Lomé, l’OUA établit des principes communs pour la démocratisation des pays et prévoit une série de sanctions en cas de coup d’État, dont la suspension du pays concerné des organes de l’OUA et des restrictions commerciales. L’Union africaine (UA), qui a succédé à l’OUA en 2002, exercera « ce pouvoir de suspension à 14 reprises » de 2003 à mi-2020, selon l’Institut d’études de sécurité, un centre de réflexion africain, alors que 15 coups d’État avaient eu lieu sur la seule décennie 1990. Cette baisse s’explique en partie par l’« interdépendance économique accrue » des pays africains avec le reste du monde et l’instauration de sanctions par des organisations internationales qui rendent les coups d’État « moins attrayants », analysait Jonathan Powell au Washington Post en 2016. La Cédéao, une organisation intergouvernementale ouest-africaine, peut prendre des mesures similaires en cas de coup d’État.

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