Dans Brief.me ce week-end, les harkis et la France, l’assurance emprunteur, un podcast incarné sur le syndrome Gilles de la Tourette et des contresens artistiques.
On revient au début
Les harkis et la France
Le Parlement a définitivement adopté mardi un projet de loi sur la reconnaissance de la Nation envers les harkis, des anciens combattants algériens ayant servi l’armée française pendant la guerre d’Algérie. Le texte, qui reconnaît la « responsabilité » de la France à leur égard, crée une commission chargée d’étudier les demandes de réparation pour les préjudices qu’ils ont subis. Abandonnés lors de l’indépendance de l’Algérie, les harkis et leurs familles qui sont parvenus à s’installer en France ont été accueillis dans des conditions indignes.
À l’origine
En Algérie, colonie française depuis 1830, des mouvements nationalistes déclenchent une insurrection armée fin 1954 pour obtenir l’indépendance. Dès le début de la guerre d’Algérie, l’armée française recrute des auxiliaires locaux pour appuyer les forces régulières. Ce choix s’explique en partie par leur connaissance du terrain. Ces troupes supplétives se répartissent en cinq catégories, dont celle des harkis. « Harki » désigne un individu servant dans une harka, une troupe mobile. Ces musulmans représentent la composante la plus importante des forces supplétives, soit jusqu’à 63 000 individus en janvier 1961, selon un rapport de 2018 du ministère des Armées. Depuis la fin de la guerre d’Algérie en 1962, le terme « harkis » renvoie à l’ensemble des supplétifs engagés pendant le conflit. Au moins 200 000 ont servi la France pendant la guerre d’Algérie, selon l’Office national des anciens combattants (ONACVG), un établissement public rattaché au ministère des Armées. Leur engagement s’explique par la volonté de défendre leur famille, pour des raisons économiques, voire par un enrôlement contraint.
Les dates clés
- 1962Le sentiment d’abandon
En mars 1962, le gouvernement français et des représentants algériens signent les accords d’Évian, mettant fin à la guerre. Les harkis sont démobilisés, désarmés et la France considère qu’ils vont devenir des citoyens algériens. Vus comme des traîtres par les indépendantistes algériens, ils deviennent la cible d’exactions. Le gouvernement français livre alors des directives « parfois contradictoires » à leur sujet, entre la volonté de rapatrier les « Français musulmans menacés » et la crainte d’en voir rejoindre l’Organisation de l’armée secrète (OAS), qui commet des attentats pour empêcher l’indépendance de l’Algérie, relate le rapport de 2018 du ministère des Armées. Désorganisé et sous-dimensionné, le plan de rapatriement des harkis consacre leur sentiment d’abandon par la France. Une minorité des harkis sont autorisés à s’installer en France, tandis que plusieurs dizaines de milliers d’entre eux s’y rendent de manière clandestine avec l’aide d’officiers français désobéissant aux ordres. Après l’indépendance de l’Algérie en juillet, ceux restés sur place sont victimes de représailles. Autour de 60 000 à 80 000 harkis sont arrêtés, torturés et exécutés, selon une estimation basse retenue dans le rapport du ministère des Armées.
- 1975La révolte des camps
Au printemps et à l’été 1975, des enfants de harkis installés dans des camps à Bias (Lot-et-Garonne) et à Saint-Maurice-l’Ardoise (Gard) se révoltent contre leurs conditions de vie. Ils font le siège de ces camps et mènent des prises d’otages. Les harkis arrivés en France après la guerre d’Algérie et leurs familles ont été envoyés dans des camps dits « de transit et de reclassement », encadrés par l’armée. Près de 42 000 harkis sont passés par ces camps situés dans le Sud, selon l’ONACVG. Une partie ont ensuite été répartis dans des hameaux forestiers ou des cités urbaines. Ceux jugés inaptes au travail ont été maintenus dans les camps de Bias et de Saint-Maurice-l’Ardoise, dans des conditions précaires. Ces camps se caractérisaient par l’insalubrité des locaux, la promiscuité, des règles de vie strictes ou encore le manque de contact avec l’extérieur, selon un rapport de 2007 du Conseil économique et social, une institution indépendante chargée de conseiller le gouvernement. Le gouvernement décidera en août 1975 la fermeture de ces camps.
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