5 mars 2022

Dans B‌r‌i‌e‌f‌.‌m‌e ce week-end, la politique de défense commune de l’UE, la société Swift, un musée de street art en ligne et un voyage sonore au Mexique.

On revient au début

La politique de défense commune de l’UE

Josep Borrell, le haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères, a annoncé lundi que l’UE allait fournir une aide militaire à l’Ukraine, qui subit une attaque de la Russie depuis plus d’une semaine. Cette aide militaire européenne prévoit l’achat et la livraison pour 450 millions d’euros d’armes, y compris pour la première fois des armes létales. Depuis les débuts de la construction européenne, l’UE cherche à se doter d’une politique de défense commune, mais peine à la concrétiser.

À l’origine

Dans le contexte naissant de la guerre froide, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, plusieurs pays, dont la France et les États-Unis, portent l’idée d’une coopération dans le domaine de la défense en Europe de l’Ouest face à la menace soviétique. Six États européens signent en 1952 un traité instituant une Communauté européenne de défense, qui implique la création d’une armée européenne. L’Assemblée nationale française rejette la ratification du texte en 1954, empêchant son entrée en vigueur. Ses opposants y voyaient une perte de la souveraineté française et craignaient un réarmement de l’Allemagne de l’Ouest. Les mêmes États signent en 1957 le traité de Rome, qui crée la Communauté économique européenne (CEE) et consacre leur coopération économique. En 1992, le traité de Maastricht sur l’Union européenne élargit la coopération européenne avec la mise en œuvre d’une « politique étrangère et de sécurité commune », qui prévoit « la définition à terme d’une politique de défense commune qui pourrait conduire, le moment venu, à une défense commune ».

Les dates clés

  • 1998
    La déclaration de Saint-Malo

    En 1998, la France et le Royaume-Uni publient à l’issue d’un sommet bilatéral la déclaration de Saint-Malo, dans laquelle ils s’accordent sur le fait de doter l’UE d’« une capacité autonome d’action, appuyée sur des forces militaires crédibles » afin de « répondre aux crises internationales ». Jusqu’alors, le Royaume-Uni s’y était opposé pour éviter toute duplication avec l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan), l’alliance fondée en 1949 par des pays occidentaux pour faire face à la menace soviétique, qu’il privilégiait à une défense européenne. La déclaration de Saint-Malo prévoit que les actions militaires de l’UE seront possibles lorsque l’Otan « en tant que telle n’est pas engagée » sur la même opération. Ce texte permet en 1999 au Conseil européen, qui réunit les dirigeants des États membres, de définir une politique de sécurité qui permettra à l’UE de mener des « opérations de gestion de crise ».

  • 2003
    Première opération de l’UE

    L’UE lance sa première opération militaire en 2003 en Macédoine, afin de faire respecter l’application des accords de paix conclus entre le gouvernement et des rebelles albanais, qui avaient mené une insurrection armée. Après une intervention de l’Otan, la force européenne baptisée Eufor Concordia prend la relève et recourt aux moyens que l’Otan a mis à sa disposition dans le cadre d’accords adoptés plus tôt la même année. Ces accords, qui donnent à l’UE un accès aux capacités de l’Otan, ancrent « l’UE dans l’Otan », notait un centre de recherche du ministère français de la Défense en 2005, mais permettent également « la réalisation des ambitions européennes en matière de défense ». L’UE a lancé depuis 2003 une trentaine d’opérations extérieures civiles (des missions de police, par exemple) ou militaires, dont une quinzaine sont en cours en Afrique ou en Europe [voir une carte de 2020], selon le site du Conseil européen. L’UE ne disposant pas d’armée, les forces mobilisées sont mises à disposition par les États membres.

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