Dans Brief.me ce week-end, les atteintes à la liberté de la presse en Russie, les crimes de guerre, des photos animalières et un quiz sur les campagnes présidentielles.
On revient au début
Les atteintes à la liberté de la presse en Russie
Une nouvelle loi russe, entrée en vigueur samedi dernier, prévoit des peines de prison allant jusqu’à 15 ans de détention pour les journalistes qui diffuseraient des « informations mensongères sur l’armée » alors que la Russie a commencé à attaquer l’Ukraine il y a plus de deux semaines. Plusieurs médias étrangers ont annoncé en conséquence suspendre l’activité de leurs correspondants dans le pays et des médias russes indépendants ont cessé leur diffusion. Depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine il y a près de 20 ans, la presse qui n’est pas déjà sous contrôle de l’État est souvent réprimée.
À l’origine
En URSS, la télévision et la radio sont un monopole d’État et la presse soviétique dans son ensemble sert de relais de propagande à l’idéologie communiste et à la ligne du parti. Les journaux sont soumis à la censure et les titres étrangers sont interdits. La politique de réformes mise en œuvre par le dirigeant Mikhaïl Gorbatchev dans la seconde moitié des années 1980 ouvre une période de libéralisation dans la presse. Elle peut désormais se montrer critique, le contenu des publications se diversifie et de nouveaux médias indépendants sont créés. Une loi de 1990 met fin officiellement à la censure et établit la liberté de créer un média. Après la dislocation de l’URSS, une loi russe de 1991 réaffirme l’abolition de la censure et la liberté de création des médias. Pour autant, ceux-ci sont toujours soumis à des pressions politiques. En 1992, le président russe Boris Eltsine place à nouveau sous contrôle de l’État plusieurs médias.
Les dates clés
- 2001NTV passe sous le contrôle de l’État
Début 2001, Gazprom-Media devient le principal actionnaire de NTV, la seule chaîne de télévision privée d’audience nationale du pays, fondée en 1993, après que son fondateur, l’oligarque Vladimir Goussinski, a été accusé de malversations financières. En avril, des forces de sécurité prennent le contrôle des locaux de NTV pour le compte de Gazprom-Media, filiale de la société gazière russe Gazprom, dont l’État est actionnaire. En conflit avec une partie de la rédaction pendant plusieurs semaines, Gazprom-Media installe une nouvelle direction à la tête de NTV à la faveur de ce coup de force. La plupart des journalistes démissionnent. « Nos problèmes économiques ont été créés artificiellement pour nous discréditer, dans le but de nous faire passer sous contrôle de l’État », affirme Vladimir Goussinski dans une interview à Libération en février 2001. Il accuse le président, Vladimir Poutine, élu en décembre 1999, d’être à la manœuvre, alors que NTV se montrait ouvertement critique vis-à-vis du pouvoir.
- 2006L’assassinat d’Anna Politkovskaïa
La journaliste russe Anna Politkovskaïa est assassinée le 7 octobre 2006 à Moscou, la capitale russe. Cette journaliste d’investigation, qui travaillait pour le média indépendant Novaïa Gazeta, enquêtait sur les exactions commises par les forces russes en Tchétchénie et ne cachait pas ses prises de position contre le régime. La justice condamnera en 2014 cinq hommes directement impliqués dans son assassinat, mais les commanditaires ne seront jamais identifiés. Ce « meurtre est désormais le symbole de la répression de la liberté d’information en Russie et de l’impunité des crimes contre les journalistes », réagit l’ONG de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières (RSF) après ces condamnations. La Cour européenne des droits de l’homme, chargée de veiller au respect de la Convention européenne des droits de l’homme par les 47 pays qui l’ont ratifiée, condamnera en 2018 l’État russe pour manquements dans l’enquête sur cet assassinat.
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