29 octobre 2022

Dans B‌r‌i‌e‌f‌.‌m‌e ce week-end, les métaux stratégiques, la motion de censure, d’impressionnantes photos panoramiques et un orphelinat pour oursons.

On revient au début

Les métaux stratégiques

Imerys a annoncé lundi le lancement d’un grand projet d’extraction de lithium sur son site de Beauvoir, dans l’Allier. L’entreprise française de production et de transformation de minéraux industriels prévoit de produire à partir de 2028 suffisamment de lithium pour fabriquer environ 700 000 batteries de véhicules électriques par an, réduisant ainsi la dépendance aux importations de ce métal. Le lithium fait partie des métaux dits « stratégiques ». Ils sont essentiels à la politique économique des États et à la transition écologique, mais leur exploitation pose des problèmes environnementaux et éthiques.

Le concept

Un métal stratégique est « indispensable à la politique économique d’un État, à sa défense, à sa politique énergétique ou à celle d’un acteur industriel spécifique », explique le site Minéralinfo, édité par le ministère de la Transition écologique et le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), un organisme public placé sous la tutelle du gouvernement. Les métaux stratégiques comprennent par exemple le cobalt, le cuivre ou encore le lithium, mais aussi les « terres rares », un groupe d’une dizaine de métaux essentiels à la fabrication de produits de haute technologie (écrans, smartphones, voitures électriques, etc.). « Le nom de terres rares induit souvent en erreur puisqu’on sait aujourd’hui que la somme de tous ces métaux représente 0,026 % de la croûte terrestre, loin devant le nickel (0,008 %), le zinc (0,007 %) et l’argent (0,0000075 %) » et ils « ne sont donc pas si rares », observe Minéralinfo. « Ce qui est plus rare et localisé en revanche, c’est de les trouver en concentrations naturelles à des niveaux économiquement exploitables », précise le site.

Les dates clés

  • 1986
    La Chine, premier producteur de terres rares

    En 1986, le dirigeant chinois Deng Xiaoping approuve le programme 863, un plan qui vise à accélérer le développement technologique de la Chine, en identifiant plusieurs secteurs stratégiques d’investissement, parmi lesquels celui des terres rares. « Très tôt, la Chine s’est rendu compte que les terres rares étaient indispensables aux futures révolutions digitales et énergétiques », explique à B‌r‌i‌e‌f‌.‌m‌e Emmanuel Hache, économiste prospectiviste au centre de recherche IFP Énergies nouvelles. « Les pays occidentaux, dont les États-Unis – qui étaient dans les années 1960 le premier producteur mondial de terres rares –, ne voulaient plus réaliser les activités d’extraction et de raffinage sur leur territoire, car elles avaient un coût environnemental élevé. Ils ont délocalisé ces activités en Chine, où le coût de la main-d’œuvre était très bas », poursuit-il. Deng Xiaoping déclarera en 1992 : « Le Moyen-Orient a le pétrole, la Chine a les terres rares ». 40 % des réserves mondiales de terres rares se trouvent en Chine et en 2021, le pays a assuré 60 % de la production mondiale, selon l’Institut d’études géologiques des États-Unis (USGS), un organisme public.

  • 2010
    Les « minerais de guerre » en RDC

    En 2010, une mission d’enquête du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme publie un rapport sur les violations des droits humains et du droit international humanitaire commises entre 1993 et 2003 durant la première et la deuxième guerres du Congo. Les auteurs affirment que « l’abondance des ressources naturelles », comme les métaux stratégiques, en République démocratique du Congo (RDC) et « l’absence de réglementation et de responsabilité dans ce secteur » ont créé « une dynamique particulière qui a manifestement contribué directement aux violations généralisées » des droits humains. Le commerce des « minerais de guerre » – provenant « des mines illégales que les guérillas contrôlent pour alimenter les besoins des industries occidentales » – est « la cause principale des conflits armés dans la région des Grands Lacs en Afrique centrale », explique Gilles Lhuilier, professeur de droit, dans un article de 2016. La RDC concentre près de la moitié des réserves mondiales de cobalt et en a assuré plus de 70 % de la production mondiale en 2021, selon l’USGS [voir une infographie du Monde diplomatique].

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