11 novembre 2022

Dans B‌r‌i‌e‌f‌.‌m‌e ce week-end, les actions chocs pour la planète, le déroulé d’une enquête préliminaire, un podcast incarné sur le métier de garde du corps et la pyramide de Khéops comme si vous y étiez.

On revient au début

Les actions chocs pour la planète

La COP27, la 27e édition de la conférence annuelle des Nations unies sur le changement climatique, s’est ouverte dimanche dernier à Charm el-Cheikh, en Égypte. La veille, dans plusieurs villes européennes, des militants écologistes ont mené des actions « chocs », telles que couper la circulation et interrompre un match. Ces dernières semaines, des militants ont également jeté de la soupe ou de la purée sur des œuvres exposées dans des musées. L’action directe et la désobéissance civile sont des modes opératoires récurrents des mouvements activistes écologistes.

Le concept

L’activisme écologiste peut prendre plusieurs formes d’action. Parmi elles, la désobéissance civile consiste à enfreindre la loi dans le but de la faire évoluer, « car on estime qu’elle encadre mal un danger – c’est le cas du réchauffement climatique – ou qu’on fait face à une injustice », explique à B‌r‌i‌e‌f‌.‌m‌e Dominique Bourg, philosophe et professeur honoraire à l’université suisse de Lausanne, spécialiste de la pensée écologique. En plus de la désobéissance civile, qui est « nécessairement non violente », Dominique Bourg identifie des types d’action pouvant impliquer de la violence, comme le zadisme (le fait d’occuper un lieu dans le but de le préserver) et le sabotage, voire l’écoterrorisme [lire notre définition]. Elles relèvent de la théorie de l’action directe, issue de la mouvance anarchiste, selon laquelle il faut agir par soi-même afin de peser sur le problème soulevé. Si, par le passé, la désobéissance civile exercée par des ONG de défense de l’environnement consistait en « des actions spectaculaires et peu nombreuses », le mouvement « a enflé » depuis le début des marches pour le climat en 2018-2019, analyse Dominique Bourg.

Les dates clés

  • 1963
    Le sabotage anti-chasse

    L’Association des saboteurs de chasse (HSA) est créée au Royaume-Uni en 1963. Cette association revendique l’action directe dans le respect des lois afin de nuire aux chasseurs et de saboter les parties de chasse. Elle recourt à différentes tactiques non violentes, par exemple en utilisant des sifflets pour faire fuir les animaux, en posant des fausses pistes olfactives ou en installant des clôtures. La HSA est considérée « comme le mouvement ayant popularisé l’exploitation de méthodes “hors norme” et de l’activisme pour défendre les droits des animaux », relate le chercheur Benoît Gagnon dans une revue spécialisée de 2010. Ronnie Lee, un membre de la HSA, appellera par la suite à l’utilisation d’actions plus radicales et fondera en 1976 le Front de libération des animaux. Ce groupe et sa branche américaine mèneront des actions violentes (vandalisme, attentats, etc.) contre des entreprises exploitant les animaux.

  • 1979
    Des pirates-justiciers en mer

    En juillet 1979, le bateau Sea Shepherd de l’ONG du même nom percute volontairement dans les eaux portugaises le baleinier pirate Sierra et le rend inopérationnel. Quelques mois plus tard, Sea Shepherd saborde le Sierra, qui faisait l’objet de réparations dans le port de Lisbonne. L’ONG fondée en 1977 au Canada combat les activités illégales en mer, afin de protéger les océans et la faune marine, en menant des actions directes d’abordage et de sabordage, plutôt qu’en organisant « des pétitions ou des marches de protestation », explique-t-elle sur son site. « Il faut parfois un pirate pour arrêter un pirate », déclarera Paul Watson, le fondateur de Sea Shepherd, dans une interview en 2011 au magazine américain The Sun. « L’association s’érige elle-même en justicière, fondant la justesse de son activisme sur la morale », analyse l’historien Pierre-Marie Terral dans une revue scientifique de 2014. Paul Watson, un ancien de l’ONG Greenpeace qui l’avait écarté en raison de ses positions jugées radicales, considère pour sa part que les méthodes de Greenpeace ne sont pas assez efficaces et critique une organisation « bureaucratique ».

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