21 janvier 2023

Dans B‌r‌i‌e‌f‌.‌m‌e ce week-end, la remise en cause de la mondialisation, la retraite à taux plein, l’appel du 18 juin recréé et la saga du Livre de poche.

On revient au début

La mondialisation à l’heure de la remise en cause

Le Forum économique mondial, un rassemblement organisé chaque année par la fondation du même nom, s’est tenu cette semaine à Davos, en Suisse. Dans son rapport sur les risques mondiaux pour l’année 2023, paru la semaine dernière, la fondation estime que la « guerre économique » deviendra « la norme, avec des affrontements croissants entre les puissances mondiales et l’intervention des États sur les marchés ». La mondialisation a connu une forte accélération dans la deuxième moitié du XXe siècle tout en suscitant des remises en cause.

À l’origine

La mondialisation, c’est-à-dire l’internationalisation des échanges, débute à la fin du XVe siècle avec les voyages des grands explorateurs, selon la plupart des historiens. Le continent américain sur lequel a accosté Christophe Colomb fournit par exemple à l’Europe des métaux précieux, du sucre ou encore du café, tandis que les Européens y envoient des céréales, des chevaux ou des esclaves. Une deuxième phase de la mondialisation survient avec la révolution industrielle, à la fin du XVIIIe siècle. Si les deux guerres mondiales affectent les échanges dans la première moitié du XXe siècle, la mondialisation connaît une nouvelle accélération dans la deuxième partie du siècle et s’accompagne d’une interconnexion financière. Aujourd’hui, « pour rester compétitives, les entreprises organisent de plus en plus leur production à l’échelle mondiale », observe sur son site l’institut européen de statistiques Eurostat, avec « un nombre croissant de fournisseurs établis dans le monde entier ». Il en découle une spécialisation de certains pays en fonction du coût du travail ou des compétences techniques dans lesquelles ils ont investi.

Les dates clés

  • 1995
    Création de l’Organisation mondiale du commerce

    L’Organisation mondiale du commerce (OMC) est créée en 1995 en application de l’accord de Marrakech signé au Maroc l’année précédente. L’OMC se substitue au Gatt, un accord provisoire qui régissait le commerce mondial depuis 1947. La mission du Gatt « était d’abolir tous les obstacles aux échanges », en permettant par exemple aux États signataires de négocier une forte réduction de leurs droits de douane, écrit le diplomate Daniel Jouanneau dans un livre publié en 2003. Les accords désormais signés dans le cadre de l’OMC « s’appliqueront à tous les États », ajoute-t-il. L’organisation se dote d’un organe de règlement des différends commerciaux entre États, capable de rendre des décisions contraignantes. La valeur du commerce mondial est multipliée par plus de 80 entre 1950 et 1995 et encore par quatre entre 1995 et 2021, selon l’OMC [voir notre graphique]. Le dernier cycle de négociations de l’OMC, lancé en 2001, n’est pas mené à bien faute de consensus. Depuis, la plupart des accords commerciaux ne sont pas conclus via l’OMC, mais entre pays, à l’image du Ceta (entre l’Union européenne et le Canada).

  • 1999
    Les manifestations de Seattle

    Fin novembre 1999 s’ouvre à Seattle, aux États-Unis, un sommet de l’OMC. Il est marqué par la mobilisation de plusieurs dizaines de milliers de militants opposés à la mondialisation, dits « altermondialistes ». « Les faits montrent de plus en plus que la mondialisation aggrave les inégalités entre pays industrialisés et pays en développement », déclare alors Juan Somavia, directeur général de l’Organisation internationale du travail, une agence de l’ONU, dans un texte soumis à l’OMC. En fait, si les inégalités entre pays pauvres et pays riches se sont accrues fortement aux XIXe et XXe siècles, elles se réduisent à partir des années 1990, observe l’économiste François Bourguignon, auteur d’un livre sur le sujet en 2012. Plus de 500 millions d’individus sont sortis de l’extrême pauvreté depuis 20 ans, constate-t-il. En revanche, les inégalités à l’intérieur d’un grand nombre de pays, développés ou en développement, suivent une tendance à la hausse. Ce double constat se retrouve dans le rapport 2022 du Laboratoire sur les inégalités mondiales, coordonné par l’économiste Lucas Chancel.

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